CNP Assurances – La Banque postale : et l’État devint bancassureur...

Le ministre de l’Économie a annoncé la création d’un pôle financier public autour de la Caisse des dépôts et de La Poste. Avec, au coeur de ce meccano industrialofinancier, l’intégration de CNP Assurances au sein de La Banque postale.

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CNP Assurances – La Banque postale : et l’État devint bancassureur...
Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances entouré d’Éric Lombard (à gauche), directeur général de la Caisse des dépôts et Philippe Wahl, PDG du groupe La Poste. Le ministre a annoncé le rapprochement des deux entités le 30 août à Bercy.

Le chantier est lancé ! Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, a officiellement annoncé le mariage entre CNP Assurances et La Banque postale. « L’État a décidé de créer un grand pôle financier public autour de la Caisse des dépôts et de La Poste », a-t-il déclaré le 30 août, mettant un terme aux rumeurs qui couraient depuis plusieurs mois autour de La Poste et de CNP. En effet, l’évolution de l’actionnariat de CNP Assurances était clairement sur la feuille de route d’Éric Lombard, ancien PDG de Generali France, nommé à la tête de la Caisse des dépôts en décembre 2017.

« Changer d’orientation »

« Je m’autoriserai de revisiter l’ensemble des sujets avec un oeil neuf », en fonction de « l’intérêt patrimonial de la Caisse des dépôts, de l’intérêt des entreprises concernées ainsi que de leurs clients et collaborateurs, et dans l’intérêt général », avait-il indiqué lors de son audition par la commission des Finances de l’Assemblée nationale, précédant sa nomination. Et surtout, la nécessité de consolider les finances de La Poste afin de lui permettre d’investir et de « changer d’orientation » se faisait pressante. « Avec la baisse du courrier, La Poste perd 560 M€ chaque année », a expliqué le ministre. D’où la volonté de renforcer l’institution via sa filiale de banque et assurance. « La Banque postale est l’une des grandes banques françaises, mais qui ne dispose pas de sa propre filiale assurance puisqu’elle partage CNP Assurances avec d’autres acteurs du marché », confirme Marc-Philippe Juilliard, directeur assurance chez S & P Global Ratings.

« Une prise de participation majoritaire est un moyen de conforter La Banque postale qui deviendra alors distributeur et producteur », ajoute Régis Blanchot, administrateur Sud PTT à La Poste qui relève, en outre, que « La Banque postale subit une érosion de ses clients sur la partie bancaire ». « Aujourd’hui CNP est une entreprise rentable, qui a payé un dividende significatif au cours de ces dernières années. Au cours actuel, sa capitalisation boursière ressort à environ 14 Md€. En se fondant sur l’expérience récente, être actionnaire d’une telle structure permet d’envisager des rentrées d’argent régulières et importantes », précise Marc-Philippe Juilliard.

Pour mémoire, en plus d’être l’un des principaux réseaux de distribution de CNP, La Banque postale est aussi un de ses grands actionnaires. Le pacte, qui court jusqu’au 31 décembre 2019, établit une prise de participation de la Caisse des dépôts à hauteur de 34,6 %, de Sopassure (la joint-venture liant La Banque postale et BPCE), à hauteur de 30,7 % et de l’État français, pour 0,9 %.

Marc-Philippe Juilliard, directeur assurance chez S&P Global Ratings
« Que deviendra le partenariat avec BPCE ? »

  • Quels sont les éléments qui entrent en ligne de compte dans la notation de CNP Assurances ?
    CNP est une structure complexe qui a des actionnaires dont certains sont aussi des distributeurs partenaires. Sa notation actuelle tient compte du profil de risque opérationnel et du profil de risque financier, mais également du fait que CNP est détenue en partie par la Caisse des dépôts, ce qui est un facteur de soutien en cas de difficultés financières. On se souvient que, lors de la précédente crise financière, la Caisse des dépôts avait accepté de recevoir son dividende en action et non en cash.
  • Quelles sont les conséquences d’une montée de La Banque postale au capital de CNP ?
    La montée au capital de La Banque postale constituerait une modification substantielle avec pour conséquence de poser deux questions importantes : que deviennent les actionnaires minoritaires ? Et que deviendra le partenariat avec BPCE, lui aussi actionnaire ? En effet, faire bouger un élément de l’équation pourrait avoir des conséquences sur les autres parties prenantes.

Le feu vert de l’AMF

Pour créer ce nouveau pôle financier, « le plus important au monde avec 1 000 Md€ de bilan », a indiqué Bruno Le Maire, les participations seront donc remises à plat. « La Caisse des dépôts deviendra actionnaire majoritaire de La Poste, à côté de l’État », a annoncé le ministre. Et les participations de la Caisse des dépôts dans CNP Assurances seront apportées à La Banque postale. « C’est un apport de fonds propres importants », s’est félicité Philippe Wahl, PDG du groupe La Poste, avant de préciser : « La Banque postale aura vocation à diriger la CNP sous contrôle de La Poste et de la Caisse des dépôts ».

Avec cette opération, les synergies opérationnelles entre les deux réseaux seront renforcées. « Il y aura plus de proximité entre les équipes de La Poste et celles de la CNP », a expliqué Philippe Wahl. Ajoutant que CNP sera ainsi « le vecteur unique d’assurance vie de La Banque postale », sachant que, pour l’heure, une fusion entre la compagnie et la banque serait écartée. En effet, même si La Banque postale Assurance ne cesse de progresser depuis sa création (+ 27,7 % de chiffre d’affaires en 2015, + 4,7 % en 2016, + 4,2 % en 2017), elle reste tributaire des produits d’assurance vie du porteur de risque CNP.

Côté CNP, une prise de participation majoritaire de La Banque postale aurait pour effet de sécuriser sa distribution. Si la compagnie revendique comme un atout son modèle multipartenarial, c’est aussi son talon d’Achille, comme en témoigne la renégociation du partenariat avec BPCE en 2016. Pour rappel, BPCE a repris, via Natixis assurances, la production des affaires nouvelles en assurance vie pour le réseau Caisse d’épargne, au profit d’un partenariat avec CNP réorienté vers l’assurance emprunteur. Résultat, le chiffre d’affaires 2017 de la compagnie en a pâti et subi un recul de 5,9 % en France. D’ailleurs, la décision de BPCE, autre actionnaire de CNP, est une des inconnues de l’équation. La banque mutualiste restera-t-elle actionnaire ? Et partenaire ? (lire ci-dessus). « Nous souhaitons que BPCE reste associé au développement de CNP », a déclaré Éric Lombard, directeur général de la Caisse des dépôts lors de cette annonce.

La création de ce mastodonte de la bancassurance parapublic « qui sera dirigé par Rémy Weber [NDLR : actuel DG de La Banque postale] », dixit Philippe Wahl, est prévue pour fin 2019, compte tenu de l’échéance du pacte d’actionnaires. Au préalable, il sera nécessaire d’autoriser la montée de la CDC au capital de La Poste. Bruno Le Maire a indiqué que « cette opération sera autorisée par la loi Pacte sous forme d’amendement déposé par le gouvernement », le projet de loi devant être discuté dès le 12 septembre prochain. Il faudra aussi décrocher le feu vert de l’AMF sur l’échange d’actifs entre la CDC et La Poste, CNP étant une société d’assurance cotée.

Reste à déterminer qui sera chargé de mener à bien le chantier pour CNP Assurances. Frédéric Lavenir, directeur général de la compagnie depuis 2012 et fervent défenseur de son autonomie, a quitté ses fonctions au 31 août dernier « pour raisons personnelles ». Le conseil d’administration a décidé de nommer comme directeur général par intérim Antoine Lissowski, directeur général adjoint et directeur financier de CNP Assurances et fin connaisseur de la Caisse des dépôts, au sein de laquelle il a exercé l’essentiel de sa carrière.

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