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Lyon, l'autre place de l'assurance
Deuxième place française de l'assurance, terre de courtage et berceau de la Mutualité, la capitale des Gaules a conservé la plupart de ses leaders qui ont maintenu, localement, leurs centres de décision.

Selon la FFSA et le Gema, le marché rhônalpin de l'assurance est estimé à plus de 21 Md€. Dans la seule ville de Lyon, le secteur emploie 4 900 salariés. La capitale des Gaules occupe une place éminente dans l'assurance en France, que les observateurs du secteur jugent vieille de plusieurs siècles.
La région Rhône-Alpes représente
10% du PIB français
10% de la population française
10% du marché français de l'assurance
Ville de foires, ville bourgeoise installée au carrefour d'importantes voies fluviales et de routes commerciales, Lyon s'est depuis toujours montrée accueillante pour les affaires et l'industrie. Stimulée par l'essor des activités bancaires et de l'imprimerie à la Renaissance, la ville rayonne durablement sur l'industrie de la soie. Au XIXe siècle, c'est à Lyon que vont naître les prud'hommes, institués au départ pour les soyeux, qui avaient demandé à Napoléon une juridiction leur permettant de régler les conflits individuels du travail et les conflits de propriété intellectuelle. C'est à Lyon encore qu'éclatera, avec la révolte des canuts, en 1830, la première insurrection européenne de l'ère industrielle, donnant du même coup tout leur sens aux sociétés d'assurances mutuelles.
Rhône-Alpes, le deuxième marché français de l'assurance
De 9,9% en santé à 10,5% en vie et capitalisation, le poids de la région dans l'assurance française se situe de manière très homogène autour de 10,3%.
Aux sources de la mutualité
Pour l'historien Michel Dreyfus, « Lyon a été un laboratoire de la Mutualité française. Elle est devenue l'un des éléments les plus importants du mouvement mutualiste au début de la troisième République ». Et de rappeler la première tentative d'organisation régionale en 1872, et le premier congrès mutualiste national en 1883. « Dans l'entre-deux-guerres, Eugène André, l'un des principaux dirigeants de la Fédération nationale de la Mutualité française, avait pris depuis Lyon un rôle éminent dans l'instauration des assurances sociales qui ont préfiguré la Sécurité sociale », poursuit l'historien.
Ce terreau mutualiste explique la création d'entreprises originales telles que L'Auxiliaire, en 1863, pour le BTP, ou la Sham, pour le secteur médical et médico-social, en 1927. Une vingtaine d'établissements hospitaliers s'étaient alors rapprochés des Hospices civils de Lyon pour créer une mutuelle, afin de prendre en charge les accidents du travail pour leurs personnels. À cette couverture, s'ajoutera cinq ans plus tard une responsabilité civile médicale, puis une offre dommages aux biens. La mutuelle s'est développée sur tout le Grand Sud-Est de la France, tout en maintenant à Lyon ses centres de décision et de production.
Bruno Rousset, PDG d'April « Lyon est accueillante pour les affaires »
Pourquoi avoir gardé vos racines à Lyon si votre marché est national et international ?
Nous avons développé ici une société originale, la première de sa catégorie, sans tenir compte du consensus institutionnel parisien. Nos origines provinciales nous ont donné un sens de la modestie qui a plu aux courtiers, avec lesquels nous avons su établir une certaine connivence. Nous n'avons aucune raison de nous installer à Paris. Lyon communique très bien avec l'extérieur. Le turn-over y est moins fort qu'en Île-de-France, les gens ont ici une plus grande fidélité à l'entreprise. Les coûts immobiliers sont au moins deux fois inférieurs. Quant aux rémunérations, elles sont de 10% à 20% moins élevées qu'à Paris. De tels écarts sont évidemment répercutés dans nos prix.
Les sièges tendent pourtant à disparaître...
C'est vrai, les sièges sociaux sont moins nombreux que dans les années 90. Paris a tout aspiré. Néanmoins, Lyon est accueillante pour les affaires : je n'ai plus de difficulté à recruter des profils d'experts venus de Paris, grâce aux infrastructures et à la qualité de vie dont nous disposons. En outre, Lyon a une histoire de la protection sociale. Elle dispose aussi de belles écoles de l'assurance, que nous allons bientôt faire travailler ensemble. Dans ces conditions, on est plutôt mieux ici que dans la plupart des métropoles.
Compagnonnage industriel
Lyon s'est aussi longtemps caractérisée comme une place forte du courtage. Le Syndicat régional des courtiers de Rhône-Alpes-Auvergne (Sycra, qui réunit 120 courtiers, dont la majorité installés dans le Grand Lyon) estime d'ailleurs disposer de 400 des 4 000 codes recensés par la Chambre syndicale des courtiers en assurances (CSCA), une proportion conforme au poids de la région Rhône-Alpes dans l'activité assurantielle française.
L'arrivée récente de Filhet-Allard et Verlingue a été très remarquée localement. « Le volume d'affaires des courtiers lyonnais s'est globalement réduit, car beaucoup d'affaires ont été rachetées par des grands cabinets parisiens et américains », note de son côté le courtier Thierry Dufaud. Sa recette pour résister à ce mouvement ? « Il faut développer des produits spécifiques, portant la marque de l'entreprise, et offrir des extensions appropriées aux besoins spécifiques des clients. »
Parallèlement, Lyon semble aujourd'hui gagner - ou regagner - en attrait du côté des compagnies. « Depuis trois ans, on assiste à l'installation ou au retour de grandes compagnies d'assurances : QBE, RSA, XL Group, Zurich... La présence de grands acteurs stimule l'activité des courtiers et des compagnies. C'est un signe que les institutions sont solides », estime Philippe Gléran, directeur régional Rhône-Alpes de MMA et président de l'Association interprofessionnelle de l'assurance lyonnaise (AIAL), d'où l'on observe avec prudence l'évolution du paysage assurantiel lyonnais. En réalité, « les assureurs ont toujours accompagné les familles d'industriels, qui réinvestissaient sans cesse dans leurs moyens de production et leur patrimoine immobilier, observe Philippe Gléran. Après la soie, les industries de la chimie, de la pharmacie et de l'automobile ont prospéré à Lyon, entretenant un environnement de PME très dense autour de plusieurs grands comptes de rang mondial », décrit-il, évoquant les trajectoires de Berliet (devenu Renault Trucks), de BioMérieux, ou encore de Sanofi. Un bassin idéal pour combiner toutes les spécialités de l'assurance.
« Le potentiel régional suscite une certaine agressivité commerciale venant de nouveaux entrants tentés de prendre des affaires, qu'ils confieront ensuite à Paris. Or, nos compagnies sont attachées à gérer le risque au plus près de nos clients », prévient Christophe Rouchou, directeur régional de Covéa Fleet, président du syndicat des assureurs maritimes et transports de Lyon, qui compte sept membres réalisant 42 M€ de primes.
Thierry Dufaud, dirigeant du cabinet de courtage Dufaud assurances
Les brillants et les feux de la rampe
Son grand-père était le souscripteur mandataire de 35 compagnies françaises et étrangères. Thierry Dufaud, aujourd'hui à la tête du cabinet familial (30 salariés, dont 23 à Lyon, pour 6 M€ de chiffre d'affaires), a appris l'art du courtage à son contact. Risques industriels, assurance construction et spectacle vivant sont des spécialités dans lesquelles Dufaud s'est rendu indispensable. Mais c'est surtout avec la bijouterie (70% du chiffre d'affaires) que l'entreprise s'est fait un nom. Dufaud a pour clients près de 85% des bijoutiers lyonnais, grâce à sa gestion des sinistres combinée à une connaissance intime du secteur. Ce sens de la spécialisation a poussé Dufaud à ouvrir des bureaux en Espagne pour la bijouterie et à reprendre une affaire à Paris pour se rapprocher des programmateurs de spectacles. Pourtant, son centre de gravité reste à Lyon, où s'organise la relève familiale.
Patriotisme économique
Mais les Lyonnais ont du répondant. Une demi-douzaine de locomotives de l'assurance ont su maintenir leur centre de décision localement. Elles se répartissent dans toutes les familles du secteur, du courtage à la prévoyance en passant par les mutuelles d'assurances. « Aucune autre métropole régionale, en dehors Paris, ne détient autant de sièges sociaux et d'activités intégrant toute la chaîne de valeur de l'assurance », se félicite Dominique Godet, le directeur général de la Sham.
Ces leaders agissent positivement sur l'économie locale. Ils ne détruisent pas d'emplois et concourent au développement du territoire. « Nos actifs financiers sont réinvestis en Rhône-Alpes », affirme Thomas Perrin, directeur du développement d'Apicil. La Sham assure aussi employer ses actifs (1,5 Md€) dans des investissements immobiliers de standing et s'impliquer dans programmes régionaux de recherche et développement. Elle a par ailleurs octroyé un prêt de 20 M€ sur quinze ans à la Ville de Lyon pour lui permettre de diversifier ses sources de financement et de réduire sa dépendance aux marchés financiers. Principal contributeur d'une chaire d'économie sociale et solidaire à l'université Lyon-2, la Macif Rhône-Alpes a également été à l'initiative, avec AG2R, de la création de la première mutuelle interentreprises pour les très petites entreprises de l'artisanat, que les partenaires sociaux rhônalpins appelaient de leurs voeux depuis plus de dix ans.
Ils ont leur siège à Lyon
- Apicil
Création : 1938
Siège : Caluire-et-Cuire (Rhône)
Effectif : 1 300 salariés, dont 1 150 à Lyon et Caluire
CA 2012 : 2 500 M€
- L'Auxiliaire
Création : 1863
Siège : Lyon 6e
Effectif : 190 salariés, dont 146 à Lyon
CA 2011 : 138,8 M€
- Groupama Rhône-Alpes-Auvergne
Création : fin du XIXe siècle
Siège : Lyon 9e
Effectif : 2 000 salariés, dont 500 au siège de Vaise
CA 2012 : 1 030 M€
- Alptis
Création : 1976
Siège : Lyon 3e
Effectif : 430 salariés, dont 370 à Lyon
CA 2012 : 78 M€ pour 300 M€ de primes d'assurance
- Macif Rhône-Alpes
Création : 1987
Siège : Lyon 7e
Effectif : 900 salariés, dont 50 au siège
CA 2012 : 360 M€ en IARD
- April
Création : 1988
Siège : Lyon 3e
Effectif : 4 000 salariés, dont 1 500 à Lyon
CA 2012 : 774 M€
- Sham
Création : 1927
Siège : Lyon 8e
Effectif : 300 salariés, dont 280 à Lyon
CA 2012 : 300 M€
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