Réformes de la santé : la colère des courtiers
La Chambre syndicale des courtiers d’assurances s’en prend avec virulence aux réformes du gouvernement. La CSCA, qui demande à nouveau l’abandon du projet sur les complémentaires santé responsables, dénonce la généralisation du tiers payant et la suppression sélective des franchises.
FRANÇOIS LIMOGE

C’est un véritable coup de gueule contre la politique de santé du gouvernement que pousse la Chambre syndicale des courtiers d’assurances (CSCA). «L’aveuglement gouvernemental persiste en dépit des multiples alertes de tous les professionnels !», dénonce la CSA dans un communiqué de trois pages. Et de mettre en garde l’exécutif sur les conséquences de plusieurs dispositions annoncées dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2015 ou en voie d’application : «Par ces mesures, le gouvernement va à la fois alourdir les charges de l'assurance maladie […], augmenter le coût collectif de la couverture de base […] et, dans le même temps, imposer un recul de la couverture assurée par les complémentaires santé des salariés français, d'où une forte augmentation de leur reste-à-charge. La facture, pour les assurés sociaux, et notamment les classes moyennes, va, à court terme, être très lourde.»
Déresponsabilisation et inflation des dépenses
La Chambre des courtiers critique ainsi la généralisation du tiers payant à nouveau défendue par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, lors des débats sur le PLFSS 2015. A l’instar des médecins, elle estime que cette mesure aura des effets néfastes : «Déresponsabilisation des assurés, inflation sensible des dépenses, complexité extrême de gestion pour les praticiens professionnels de santé, déjà écrasés par la lourdeur de leurs tâches administratives, complexité renforcée de gestion pour les organismes complémentaires...». Et la CSCA de résumer : «Une usine à gaz totalement démagogique complexe, coûteuse, et parfaitement inutile quand on sait que les délais de remboursement par les complémentaires sont le plus souvent très rapides (24 à 48 heures).»
Un déficit de l'assurance maladie «déjà abyssal»
Une autre annonce de la ministre a suscité la réaction de la CSCA : la suppression des franchises pour les bénéficiaires de l’aide à la complémentaire santé (ACS). «Aujourd'hui, elles ne concernent déjà plus les bénéficiaires de la CMU, ceux de la CMUC, les pensionnés militaires et les femmes enceintes [...], soit 20 millions de personnes, selon les débats parlementaires. L'extension de cette exonération aux titulaires de l'ACS ne devrait coûter que 48 millions d'euros, selon la ministre. Mais avons-nous cette somme? Le déficit de l'Assurance maladie n'est-il pas déjà abyssal ? Comment le financer si l'on se complait à l’accroitre sans cesse?», peut-on lire dans le communiqué, qui conclut sur ce sujet : «Une réflexion globale, argumentée et générale doit sans doute être menée sur le sujet des franchises, mais en dehors de toute précipitation et au vu d’études d’impacts précises.»
Les tarifs des médecins ne baisseront pas
Enfin, la Chambre syndicale des courtiers d’assurances revient également sur la réforme des contrats responsables, afin de demander à nouveau son retrait. En dénonçant notamment la volonté de limiter les remboursements des honoraires des médecins : «Là comme ailleurs, le gouvernement nie les conséquences néfastes de l'application d'une idée technocratique basée sur des analyses moyennes et macroéconomiques sans aucun rapport avec la réalité des situations, notamment géographiques, en particulier en Île-de-France et dans les grandes métropoles.» Et, selon la CSCA, les tarifs des médecins ne baisseront pas, notamment parce que «depuis trop longtemps les honoraires médicaux conventionnels ont été soit bloqués, soit insuffisamment revalorisés.» Annoncé pour la fin octobre, le décret sur les contrats responsables n’a toujours pas été publié.
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