Comment faire évoluer la culture du risque des Français ?
Interview de Jean-Louis Charluteau et de Laurent Boissier du Generali Climate Lab à l’occasion du lancement du nouvel outil de prévention innovant « Ensemble face aux risques »

Le service digital de diagnostic d’exposition aux risques climatiques de Generali est désormais accessible à tous gratuitement. A cette occasion, Jean-Louis Charluteau, Directeur réassurance et risques naturels de Generali France, et Laurent Boissier, responsable R&D et partenariats scientifiques au Generali Climate Lab, ont répondu aux questions sur la vocation d’Ensemble Face aux risques au sein d’un dispositif global de prévention et d’élévation de la culture du risque.
Pouvez-vous nous présenter Ensemble Face aux risques ?
Jean-Louis Charluteau : C’est un service innovant que nous avons décidé de proposer à l’ensemble des Français. Il est le fruit de 7 ans de recherches et développements et permet de s’informer en ligne sur l’exposition aux risques climatiques de son habitation. Ensemble Face aux risques est le premier outil aussi simple, synthétique, facile à comprendre, sans jargon, pas inutilement anxiogène, accessible à tous.
Laurent Boissier : En rentrant une adresse postale et en confirmant sa localisation sur une carte, l’utilisateur accède à un diagnostic de l’exposition de son habitation avec un score global sur 100 et le détail sur 6 aléas tels que les inondations, les feux de forêt ou la sécheresse. Le diagnostic complet est ensuite disponible en pdf par email pour le conserver facilement.
‟ En sensibilisant à l’exposition aux risques,
nous créons de l’attention aux conseils de prévention. ”
Laurent Boissier, responsable R&D et partenariats scientifiques au Generali Climate Lab.
Jean-Louis Charluteau : Le diagnostic d’exposition est une étape importante dans le processus que nous avons d’abord réservé à nos clients. C’est aujourd’hui la possibilité ouverte à tous les Français de faire ce bilan en quelques clics. Selon le niveau d’exposition à chaque aléa, l’utilisateur peut ensuite s’informer sur les actions à mettre en place et les bons réflexes à acquérir en accédant à la fiche de prévention de premier niveau.
Laurent Boissier : En sensibilisant à l’exposition aux risques, nous créons de l’attention aux conseils de prévention. Très simples à mettre en place, ils permettent de réduire l'impact de l'événement potentiel mais aussi de savoir se mettre en sécurité lorsque le péril frappe, parfois soudainement et brutalement.

Vous parlez d’exposition aux risques, pas de vulnérabilité, y a-t-il une différence ?
Jean-Louis Charluteau : En effet, ce n’est pas la même chose. Concrètement, sur une même zone argileuse, deux maisons proches peuvent réagir différemment en fonction de la caractéristique du bien et de la nature de la construction. La différence entre les deux est la vulnérabilité, qui peut différer face à la même exposition aux risques.
On pourrait penser que chacun est déjà conscient de l’exposition de son habitation ?
Jean-Louis Charluteau : Et pourtant, ce n’est pas le cas. Qu’on soit peu sensibilisé ou réfractaire au sujet ou encore nouveau dans la région, les raisons de ce manque de connaissances sont multiples. De plus, il faut noter que l’exposition varie au sein d’une même commune, parfois à quelques mètres d’intervalle : on croit alors peut-être à tort être au même niveau d’exposition que son voisin. D’où l’importance de la précision de l’outil de diagnostic de l’exposition aux risques que nous avons développé.
‟ L'exposition varie au sein d'une même commune, parfois à quelques mètres d'intervalle,
d'où l'importance de la précision de l'outil de
diagnostic de l'exposition aux risques que nous avons développé. ”
Jean-Louis Charluteau, Directeur réassurance et risques naturels de Generali France.
Laurent Boissier : La conscience de son exposition est le préalable aux actions et aux bons comportements avant, pendant et après un aléa. En étant sensibilisé sur sa situation grâce au diagnostic, l’assuré portera une plus grande attention aux messages d’alerte (par exemple en cas d’inondation). L’information est la première des clés dans l’acculturation aux risques et la capacité à faire face aux impacts du changement climatique.
Jean-Louis Charluteau : Qui dit « adaptation » dit en effet « action ». Cela passe par des comportements, acquérir les bons réflexes, mais aussi par des mesures techniques de réduction de la vulnérabilité. En connaissant son exposition à un aléa naturel, on peut prendre des dispositions avant ou après sinistre. A titre d’exemple, les Français très exposés au phénomène saisonnier d’inondation que sont les crues méditerranéennes adoptent souvent des mesures de prévention, comme les batardeaux, après avoir été concernés (sinistrés, témoins) une première fois.
Le diagnostic n’est donc que le début du parcours pour les utilisateurs ?
Laurent Boissier : Absolument, c’est le début d’un processus qui vise à diffuser les informations au bon moment. Nous proposons d’ailleurs à nos assurés un ensemble de services, de conseils et de propositions à valeurs ajoutées. Par exemple en avance de phase, nous avons développé depuis déjà 7 ans un service qui prévient nos assurés en cas de survenance d’un événement climatique potentiellement sérieux. Avec Generali Prévention Météo, nous travaillons dans ce cas au niveau de la commune et nous sommes capables d’intervenir au minimum 2 à 4h avant l’événement, par SMS, pour donner des conseils à nos assurés avant, pendant et après la survenue d’un péril.
‟ Le diagnostic est le début d'un processus qui vise à diffuser les informations au bon moment. ”
Laurent Boissier, Generali Climate Lab.
Après événement, on est aussi dans l'accompagnement en adressant aux clients potentiellement sinistrés des informations concernant la déclaration et les assistances dont ils vont pouvoir bénéficier.

Jean-Louis Charluteau : Avec ces dispositifs d’information, l’idée est d’aller plus loin dans la prise de conscience des assurés et dans le parcours de vie avec les clients pour favoriser leur résilience. Tout l’enjeu est de faire passer la bonne information à la bonne personne, au bon moment. Notre objectif est que nos clients se relèvent le plus vite possible en cas de sinistre. Et nous n’oublions jamais que la meilleure façon de faire face à un sinistre, c’est d’éviter qu’il ne se produise.
Justement, côté prévention, quels sont les conseils de premiers niveaux dont vous parlez ?
Laurent Boissier : Ils sont souvent simples mais ne sont pas forcément intégrés comme des réflexes. Par exemple, en cas de grêle, trouver un abri pour sa voiture si on ne dispose pas de garage, nettoyer ses gouttières et son réseau pluvial (fossés) pour éviter un engorgement de l’eau, dégager les abords de sa maison de tout ce qui pourrait devenir des projectiles en cas de tempête… Il y a aussi des mauvais réflexes à combattre comme prendre sa voiture pour aller chercher ses enfants à l’école en cas de risques de crue éclair. On déplore chaque année au moins 5 accidents mortels liés à ces mauvais comportements.
Pourquoi démultiplier vos services de prévention aujourd’hui ?
Jean-Louis Charluteau : D’après les prévisions, les périls climatiques vont être multipliés par trois d’ici 2050. Selon France Assureurs, on passera d’un coût de 70 milliards d'euros enregistré sur les 25 dernières années à un montant de 140 milliards d'euros évalué pour les 25 prochaines années.
‟ La coexistence des situations avec un excès d'eau succédant à des périodes de manque d'eau peut étonner,
elle tend pourtant à s'installer durablement. ”
Jean-Louis Charluteau, Generali Climate Lab.
Certains phénomènes climatiques devraient devenir plus fréquents et / ou plus intenses à l’instar des épisodes de sécheresse-canicule, qui pourraient survenir une année sur trois désormais, ou des orages de grêle qui pourraient se manifester, en dehors des couloirs de grêle bien identifiés, et sous des formes plus destructrices encore (taille des grêlons). La coexistence des situations avec un excès d’eau succédant à des périodes de manque d’eau peut étonner, elle tend pourtant à s’installer durablement.
L’acculturation face à des phénomènes destinés à s’intensifier est donc un enjeu clé pour continuer à garantir l’assurabilité de notre monde.
Contenu proposé par Generali