Pourquoi intégrer la durabilité dans ses investissements en titres souverains ?
Alors que les critères ESG sont désormais couramment intégrés dans les processus d’investissement et d’allocation de capital, la robustesse des systèmes d’analyse devient prépondérante pour l'utilisation des données sur la durabilité. L’analyse de la durabilité des émetteurs souverains est certainement plus complexe que pour une entreprise. Marie Niemczyk, Responsable des Relations Assureurs chez CANDRIAM, revient sur l’intérêt du modèle basé sur le concept de « durabilité forte » développé par la société pour alimenter les processus d’investissement des stratégies de la maison

Pourquoi les investisseurs doivent-ils prendre en compte la durabilité et les critères ESG quand ils investissent en titres souverains ?
Nous estimons que le développement est un processus interdépendant entre développement économique et non économique (humain, social et environnemental). En période de croissance globale, les pays avec un capital humain et social élevé peuvent pleinement exploiter les nouvelles opportunités économiques alors qu’un sous-développement du capital humain et social peut limiter le potentiel d'un pays. À l’opposé, un capital social et humain développé permet d’atténuer le choc économique durant les phases de ralentissement alors que l’impact en sera exacerbé pour les pays à la traîne au niveau social et humain.
Comment Candriam intègre le caractère fini du Capital naturel dans l’évaluation de la durabilité des émetteurs souverains ?
Les modèles traditionnels d’évaluation de la durabilité des émetteurs souverains à quatre piliers composés du capital naturel/environnemental, humain, social et économique ont été adoptés par des organisations comme l’OCDE. Ces modèles considèrent généralement que les différentes formes de capital sont entièrement substituables. Suivant cette conception, ce qui importe est de laisser aux générations futures un capital total au moins égal à celui que nous avons reçu – même si ce capital total est composé de davantage de capital économique et de moins de capital naturel. C’est ce que certains chercheurs appellent la « durabilité faible ».
Nous sommes convaincus que le Capital naturel ne peut pas être remplacé par une des trois autres formes de capital. Le principe de base du concept de « durabilité forte » est que le Capital naturel est non substituable. De plus, le capital naturel est une ressource finie.
Quand des pays convertissent une partie de leur capital naturel, dont l’offre est limitée, en bien-être, ils le font avec un certain degré d’efficacité. Les pays qui cherchent à générer de la prospérité de façon efficace sur le plan environnemental sont bien plus enclins à construire une économie durable à long terme, réduisant les risques souverains et développant la prospérité à long terme. La méthode d’analyse de la durabilité des émetteurs souverains de Candriam concorde avec les 17 objectifs de développement durable des Nations unies tout en étant plus ambitieuse.
Qu’est-ce qui différencie les notes de durabilité de Candriam ?
Notre nouveau modèle limite le Capital naturel tout en soulignant son importance. Les précédents modèles d’évaluation ESG des pays permettaient, comme la plupart, une substituabilité entre les quatre formes de capital et une utilisation illimitée du Capital naturel. La note des pays était calculée en faisant la moyenne des scores obtenus pour les quatre formes de capital. Désormais, nous déterminons la note de durabilité de chaque pays en calculant le produit du score pour le Capital naturel et la moyenne des trois autres formes de capital : Capital humain, Capital social et Capital économique. Avec cette méthode, un pays ne peut envisager maintenir un bon classement simplement en compensant un mauvais score au niveau du Capital naturel par une excellente note au niveau du Capital économique par exemple.
Comment déterminons-nous la note des piliers de capital ?
Nous avons développé une approche de la durabilité basée sur la matérialité afin de tenir compte des différences de niveau de développement entre pays. Une nation étant bien plus complexe qu’une entreprise, cela nécessite une vue d'ensemble sur de nombreux facteurs interconnectés. Se baser sur quelques facteurs isolés peut donner une image biaisée. Notre base de données inclut des séries chronologiques pour plus de 400 facteurs individuels et évalue la pertinence de chaque facteur pour chaque pays à chaque niveau de développement et à chaque moment au cours des 10 dernières années. Notre modèle identifie les indicateurs de performance clés (IPC) pour chaque enjeu pris en compte (131 actuellement) et élabore des notes pour chaque forme de capital, en donnant plus de poids aux domaines qui comptent le plus pour chaque pays.
Figure 1 – Élaboration du modèle de pilier de capital
Notre modèle d’évaluation pondère les facteurs en fonction de leur influence sur le développement futur du pays. Par exemple, la proportion de véhicules électriques en Norvège peut être instructive pour un tel pays, mais la même statistique ne nous dit rien d’un pays comme l’Ouganda où la sécurité alimentaire est une problématique bien plus importante.
Quels sont les avantages en matière de décisions d’investissement ?
La pondération des facteurs suivant leur matérialité nous permet de classer les pays développés et émergents sur une même échelle.
Cette approche renforce également l'utilité de la notation de la durabilité dans le temps, rendant les notes plus pertinentes tant pour les perspectives à court terme que pour les tendances à long terme.
La note de durabilité intègre la trajectoire de chaque pays, prenant en compte les prévisions basées sur les tendances observées. Les évaluations sont dynamiques et peuvent être ajustées en fonction de l’actualité. Nous suivons de près certains sujets pour un ensemble de pays dont, par exemple, les États-Unis par rapport auxquels nous avons alerté nos clients sur les problèmes potentiels au niveau de l’État de droit et de la démocratie en marge des élections présidentielles de 2020.
Bien que notre système d’analyse ne valorise pas directement la durabilité d’un émetteur souverain, il est pleinement intégré à nos modèles d’évaluation de la solvabilité des émetteurs souverains et à nos processus de sélection d’actifs. La note de durabilité de chaque pays étant riche en enseignements, nos investisseurs professionnels s’en servent pour analyser en détail les sources d’opportunités et d’inquiétudes. Nos processus de sélection d’actifs souverains ou d’entreprises intègrent pleinement les facteurs ESG étant donné que nous sommes d’avis que l’analyse crédit d’un pays ou d’une entreprise n’est pas complète si elle se concentre uniquement sur les mesures financières. Les investisseurs doivent obtenir un rendement adéquat pour tous les risques auxquels ils sont exposés.
Contenu proposé par Candriam
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