L’Investissement Durable et les Assureurs : Viser des effets environnementaux et sociaux positifs et mesurables grâce à l’Investissement d’Impact
La mise en œuvre d’approches d’investissement durables et responsables est devenue un sujet clé pour les assureurs, autant du côté de leurs actifs généraux que du côté de leurs offres en unités de compte. Cette tendance est bien sûr soutenue par diverses mesures règlementaires, qui à leur tour répondent à l’urgence d’agir face aux enjeux environnementaux et sociétaux d’aujourd’hui. Mais cette tendance reflète également une prise de conscience grandissante que l’intégration de facteurs de durabilité dans les stratégies d’investissement peut permettre une gestion des risques plus complète et aider dans l’identification de potentielles nouvelles opportunités d’investissement à valeur ajoutée.

L’Investissement d’Impact : Investir avec intention
Les assureurs disposent de diverses approches et méthodologies pour rendre leurs investissements plus durables et responsables.
Une des approches les plus répandues consiste à intégrer les dimensions dîtes « ESG » (Environnement, Social, Gouvernance) aux décisions d’investissement, en plus de l’analyse financière classique. Ainsi, l’assureur évalue les risques et les opportunités ESG propres aux entreprises et aux pays de l’univers d’investissement afin d’optimiser les performances ajustées aux risques sur le long terme, tout en contribuant au développement et à la croissance d’une économie durable.
L’Investissement d’Impact va au-delà de la notion de durabilité qui est au cœur des stratégies ESG : l’Investissement d’Impact est réalisé avec une intention explicite de générer des impacts environnementaux ou sociaux positifs et mesurables. Il s’agit là d’une catégorie d’investissements plus récente et moins répandue que l’l’intégration ESG. Cependant, l’Investissement d’Impact occupe une place grandissante dans les réflexions des investisseurs institutionnels, et notamment des assureurs français. En effet, cette approche répond à certains éléments règlementaires, tels que certaines dispositions de la Loi Pacte et de la règlementation SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation). Elle est, de plus associée à la notion de financement de l’économie réelle et offre une tangibilité et mesurabilité intéressante des effets des investissements sur l’environnement et la société.
L’Investissement d’Impact qui intéresse les assureurs est celui qui a pour objectif d’obtenir un impact positif tout en générant, en parallèle, des performances financières compétitives.
Mettre en œuvre l’Investissement d’Impact : La solution en fonds de fonds
Côté obligataire, les assureurs peuvent concilier impacts positifs et rendement à travers divers types d’instruments tels que les obligations vertes et les obligations sociales. Côté actions, il s’agit d’identifier des entreprises qui ont été fondées avec un objectif d’impact environnemental ou social et qui sont gérées de manière que les profits financiers et des bénéfices environnementaux ou sociaux croissent en parallèle.
Comment identifier et accéder à ses entreprises, et bénéficier en tant qu’investisseur de leur potentiel de croissance tout en soutenant les effets positifs qu’elles produisent ? La plupart de ces entreprises sont actuellement de taille petite ou moyenne et bien souvent non cotées. Souvent, leur potentiel de croissance ne bénéficie pas seulement d’investissement financiers, mais peut par ailleurs être décuplé quand elles accèdent à un conseil expert en matière de gestion de la croissance. Ainsi, il peut être pertinent pour les assureurs de choisir un fonds de fonds pour leurs Investissements d’Impact. En effet, cette structure leur donne accès à des gérants de fonds spécialisés et expérimentés dans la sélection et l’accompagnement d’entreprises à impact. Etant donné le conseil et l’accompagnement que ces gestionnaires proposent aux entreprises investies, ils sont le plus souvent, spécialisés par secteur ou par type d’enjeu environnemental ou social. L’investissement dans un fonds de fonds associant plusieurs experts peut ainsi offrir aux assureurs davantage de diversification.
Associer des gestionnaires pour une meilleure diversification : Exemples concrets
Afin de mieux illustrer le type de gérants de fonds et d’entreprises que les assureurs peuvent retrouver au sein de fonds de fonds d’Impact, intéressons-nous maintenant à des exemples concrets. Nous partageons ci-dessous nos conversations avec deux gestionnaires de fonds d’Impact et une entreprise ayant bénéficié du soutien de l’un d’eux.
«Lors de la création de la société Impact Partners en 2007, l’idée était de développer des fonds d’investissement pour soutenir des entrepreneurs et générer à la fois une performance sociale et une performance financière, nous explique Mathieu Cornieti, Président de la structure. Plus précisément, l’objectif était de soutenir la création d’emplois dans les quartiers de la politique de la ville ». Ainsi, en accompagnant des entreprises qui proposent des solutions innovantes pour adresser une inégalité et qui ont besoin d’être soutenues pour se développer, ce gérant d’Impact a pu démontrer que la performance sociale était souvent un prérequis pour une performance financière. En effet, précise Mathieu Cornieti, si l’intention est une création d’emplois pérennes, il faut que l’entreprise soit rentable, qu’elle croisse. Et une entreprise qui croît et qui est rentable, c’est aussi une création de valeur pour ses actionnaires.
Ce qui a commencé avec un fonds de 5 millions d'euros est aujourd’hui une plateforme européenne dédiée à l’Investissement d’Impact qui gère quelque 350 millions d'euros. L'approche d’Impact de la société est très centrée sur les sujets sociaux et les inégalités. Ainsi, l’équipe de gestion a défini trois grands univers que sont la formation, le travail et les soins. Dans ces trois univers, l’objectif est de trouver des solutions en Europe avec des entrepreneurs qui ont besoin de capitaux pour grandir, changer d’échelle et dupliquer leur modèle dans d’autres pays. A partir de ces univers d’investissement, l’équipe de gestion analyse en premier lieu la pérennité du modèle économique : « Tient-il la route ? Est-il créateur de valeur ? » Dans un second temps, elle s’assure de l’impact social et vérifie l’alignement des intérêts avec ceux des investisseurs : ce qu’on appelle le carried interest.
Les entreprises investies bénéficient, en plus du capital, d’un soutien sur les enjeux RH, tels que l’identification des besoins et des candidats à l’apprentissage, ou encore sur des enjeux plus business tels que la mise en relation avec des acheteurs de grands comptes. Des équipes présentes localement à travers l’Europe permettent à Impact Partners d’aller à la rencontre des entrepreneurs et de construire un projet directement avec eux.
La spécialité de Yotta Capital Partners est l'accompagnement et le financement en capital d’industriels français innovants et qui placent l'industrie 4.0 au cœur de leur stratégie de développement. Christophe Gégout, Managing Partner, précise que Yotta a deux missions : d'une part créer de l’emploi industriel et d'autre part réduire les émissions de carbone des PME industrielles.
Si l’objectif est de réaliser une réduction des émissions environ deux fois plus grande que celle fixée par le gouvernement pour l’industrie, il ne s’agit en aucun cas de renoncer à l’objectif de rendement financier. Ainsi, l’équipe de gestion est convaincue que considérer l’impact carbone d’une société industrielle, c’est une condition sine qua none de son succès à venir, enjeu de compétitivité et de création de valeur in fine. Si l’amélioration de l’empreinte carbone peut à très court terme nécessiter des CAPEX, c’est-à-dire des dépenses d’investissement importantes, l’équipe de gestion est convaincue qu’à long terme, c’est un facteur de différenciation, soutenu notamment par une règlementation croissante en la matière.
L’objectif de l’équipe de gestion est de sélectionner des entreprises, rentables, telles qu’elles existent et les faire progresser sur des problématiques peu considérées. Christophe Gégout cite l’exemple du secteur automobile. « Si la voiture du futur repose sans doute sur une batterie innovante, d’autres éléments méritent aussi l’attention des investisseurs, par exemple le développement de carrosseries en matériaux recyclés ». La transformation carbone est ainsi ainsi une somme de petites actions, moins visibles, parfois plus rébarbatives mais qui additionnées produisent un bilan carbone nettement plus favorable pour le tissu industriel.
Quand l’équipe de gestion investit dans une entreprise, elle s’assure donc d’objectifs communs de réduction des émissions de carbone. Cela se fait via le management package des dirigeants, une présence dans la gouvernance ou par l’intermédiaire du pacte d’actionnaires dans lequel figure une clause carbone. L’ambition est de mettre en place une feuille de route précise par laquelle les principaux cadres de l’entreprise sont incités à trouver des solutions « bas carbone ».
Dernier exemple avec Recyc Matelas Europe, une société spécialisée dans le démantèlement des produits de literie en fin de vie. Jeremy Settbon, le Président-Fondateur, nous explique les prémices de sa création en 2010 : alors qu’était votée la loi Grenelle II qui fixait un cadre législatif sur la responsabilité des producteurs – pollueurs – payeurs et que peu de temps après émergeait Éco-Mobilier dont l’ambition était d’organiser à l’échelon national toute la filière de recyclage des déchets d’ameublements, il n’y avait aucun modèle existant, ni en France, ni en Europe, pour prendre en charge cette activité de recyclage. Aujourd’hui la société compte cinq usines de traitement. En France, sa part de marché est de 80 %, avec 24 000 tonnes traitées.
Sur ces 24 000 tonnes, 60 % passent en « valorisation matière », c’est-à-dire que les matériaux sont utilisés pour fabriquer d’autres produits : essentiellement des isolants thermiques ou phoniques. Les 40 % restant sont utilisés en tant que combustible de substitution de récupération ; c’est donc de la « valorisation énergétique ». Mais la société vise un taux de recyclage de 100 % d’ici une douzaine de mois : les textiles aujourd’hui valorisés pour fabriquer des pellets de combustible seront utilisés pour fabriquer un isolant thermique. Au-delà de cet impact environnemental qui démontre que l’économie circulaire fonctionne, la société a également un impact social, ayant été agréée en 2013 entreprise d’insertion.
Selon Jeremy Settbon, le fonds d’Impact qui a soutenu Recyc Matelas Europe a eu trois rôles : tout d’abord le soutien au démarrage de l’activité quand les revenus ne permettaient pas de couvrir les importantes charges d’exploitation. Ensuite, l’accélération de la croissance. Et puis, c’est l’équipe de gestion d’Impact qui a incité la société à évoluer pour devenir une entreprise d’insertion ; l’expérience du fonds dans l’accompagnement des sociétés à Impact ayant permis de mettre en place un certain nombre de dispositions et de réorganiser l’activité pour cette transformation.
Aujourd’hui, l’entreprise est largement rentable. Ses investisseurs ont une forte volonté de l’accompagner dans sa croissance et exigent des performances financières tout en capitalisant sur les impacts sociaux et environnementaux de leur participation.
Conclusion : Un fort potentiel à condition de bien s’entourer
L’Investissement d’Impact peut permettre aux assureurs de donner un sens social ou environnemental fort à leurs investissements, tout en associant ces effets positifs à des objectifs financiers. L’Impact peut apporter de la diversification à leurs portefeuilles : les entreprises d’Impact étant souvent de petite ou moyenne taille et non-cotées, elles donnent accès à un univers d’investissement autre que les larges capitalisations boursières. Par ailleurs, la règlementation française et européenne soutient des tendances de fonds tels que l’évolution vers une économie neutre en carbone et circulaire. Elle encourage le financement d’entreprises d’insertion et de l’économie réelle. Ces initiatives bénéficient aux entreprises à Impact. Pour pouvoir à leur tour profiter de ce potentiel de croissance, les assureurs doivent cependant s’entourer d’experts qui ont accès à ces entreprises, qui possèdent les compétences nécessaires pour une analyse approfondie de leur modèles économiques et environnements concurrentiels, et qui ont l’expertise et les ressources pour les accompagner dans leur développement. Le choix d’un fonds de fonds peut offrir aux assureurs une exposition diversifiée avec de tels experts.
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