Jean-Laurent Granier : «La durabilité, boussole stratégique de Generali pour naviguer au XXIè siècle»

La COP26 ouvrira début novembre à Glasgow pour être le théâtre des débats internationaux en matière d’urgence climatique. Il y a 6 ans, en 2015, la COP21 donnait naissance à l’Accord de Paris. Force est de constater que l’espoir suscité par cet accord s’est heurté à la réalité des faits. Si les consciences ont évolué, les pratiques quotidiennes n’ont pas suffisamment été infléchies pour faire bouger les lignes du bouleversement planétaire qui est à l’œuvre.

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Jean-Laurent Granier : «La durabilité, boussole stratégique de Generali pour naviguer au XXIè siècle»

Les États seuls, de toute façon, ne peuvent pas impulser tous les changements de comportements qui doivent être opérés. Chacun, en tant que citoyen ou professionnel, est invité à réfléchir et à agir en matière de durabilité. Habitudes de vie, de consommation, stratégies d’entreprises, systèmes de concurrence : tout ou presque est à interroger.

Le monde n’a jamais été soumis à autant de risques conjugués : changement climatique, effondrement de la biodiversité, raréfaction des ressources, propagation des pandémies, paralysie des économies confinées, amplification des phénomènes d’exclusion ou d’isolement, explosion des usages digitaux et cybercriminalité… voici quelques-uns des aléas et des maux que nous avons à affronter.

Or, les aléas sont la matière première de l’activité d’assurance mais leur caractère de plus en plus systémique, avec une récurrence augmentée et des impacts toujours plus dévastateurs, nous invite à revisiter nos modèles. D’une contrainte, nous devons en faire une opportunité vertueuse pour l’assureur comme pour l’assuré.

Les deux rôles fondamentaux de l’assurance sont :

  • De modéliser les risques individuels mais aussi collectifs et prévenir leur survenance autant que possible, se plaçant à long terme en vigie des aléas qui pèsent sur la communauté humaine.
  • D’investir activement dans l’économie pour garantir les intérêts de nos assurés sur un horizon de temps long.

Nous avons donc à ce titre cinq leviers à actionner pour contribuer à la transition écologique et économique.

1/ Agir sur notre propre activité d’assureur en réduisant notre impact carbone et déployer des engagements sociétaux porteurs de progrès à l’échelle individuelle et collective.

Nous travaillons à réduire l’empreinte carbone de tout ce qui peut l’être : conception et aménagement des bâtiments, processus de dématérialisation, modes de déplacements et de réunions, Green IT… Mais aussi souscription d’assurances : avec 8 des plus grands assureurs et réassureurs mondiaux (Allianz, Axa, Aviva, Munich Re, Scor, Swiss Re et Zurich), Generali a présenté en juillet dernier, à l’occasion du G20 Finances à Venise, la Net-Zero Insurance Alliance dont les membres se sont engagés à réduire à zéro les émissions nettes de gaz à effet de serre liées à leurs portefeuilles de souscription d’assurance et de réassurance d’ici à 2050. Nous fixerons tous les 5 ans, comme les autres membres de l’alliance, des cibles intermédiaires basées sur des critères scientifiques et ferons part publiquement et annuellement de nos avancées pour contribuer à l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris sur le changement climatique, à savoir limiter la hausse des températures à 1,5°C. De même, les politiques d’actions sociale et sociétale qui sont à notre main peuvent et doivent participer au bien commun. Ainsi, chez Generali, à travers notre fondation The Human Safety Net, nous avons choisi de soutenir les plus fragiles : les familles en situation de précarité pour que leurs enfants puissent avoir de meilleures chances d’avenir et les réfugiés afin qu’ils puissent s’insérer dans leur pays d’accueil. Nous encourageons aussi la recherche en matière d’impact environnemental avec le Ballon Generali qui analyse les interrelations entre qualité de l’air et santé humaine. Outre notre gestion en propre, nous avons proposé à nos réseaux de distribution des processus identiques. Ainsi, notre programme d’agences «bas carbone» engage déjà plus de 200 agents généraux dans des logiques de réduction d’impact carbone et d’engagements sociétaux de proximité.

2/ Entrainer nos millions d’assurés sur la voie de leur propre réduction d’impact carbone et de comportements responsables en nous servant de notre fonction fondamentale d’assureur qui est de mutualiser les risques au sein d’une communauté d’assurés. Il est simple pour nous de mutualiser aussi les meilleures pratiques en en faisant la promotion parmi nos assurés.

  • Dès 2006, nous étions précurseurs sur cette voie. Nous encouragions déjà nos clients entrepreneurs les plus responsables sur la voie de la maîtrise des risques, qui passe par plus de performance durable dans le cadre de la démarche Generali Performance Globale. Cette démarche était assez proche de celle choisie récemment par le Gouvernement avec le lancement de la plateforme Impact en mai dernier et qui permet aux entrepreneurs d’évaluer leur performance RSE et d’améliorer la durabilité de leurs modèles.
  • Depuis un an, le groupe Generali a créé à travers l’Europe le prix EnterPRIZE pour promouvoir et soutenir les TPE/PME les plus exemplaires en matière de RSE. Elles constituent plus de 90 % du tissu économique européen et sont un puissant moteur de transformation. Cette initiative anticipe et accompagne la plateforme Impact initiée par Olivia Grégoire, Secrétaire d’État à l’Économie Sociale et Solidaire, qui a d’ailleurs animé un atelier sur le sujet auprès d’entrepreneurs français candidats à EnterPRIZE.

3/ Faire émerger une épargne « nouvelle génération »

L’assurance vie, activité de temps long avec l’épargne et la retraite peut être aussi un levier puissant de transformation positive. Dans un contexte de taux durablement bas et qui sont sans doute appelés à le rester encore, il est temps de diversifier les supports d’épargne des Français et ne plus considérer l’assurance vie en euros comme un pilier incontournable. Nous proposons à nos clients d’aller vers des supports qui permettent à la fois de trouver du rendement et du sens, orientés vers la transition écologique, la relance de l’économie ou encore le bien commun. Récemment, avec l’émergence des démarches d’investissement à impact, nous investissons dans des entreprises de l’économie sociale et solidaire, dans des associations dont la vocation intrinsèque est l’intérêt général, qui ont un véritable impact sur la vie des gens. Telles ces associations ou PME dans lesquelles nous investissons à travers notre 1er fonds de ce genre créé en association avec INCO : Generali Investissement à Impact. Ce fonds veut avoir un impact dans la lutte contre la précarité ou pour accroitre la résilience des plus fragiles, rejoignant en cela l’action de notre fondation The Human Safety Net. Grâce au très large éventail de supports désormais accessibles via les Unités de compte, les fonds croissance ou le private equity, l’assurance vie doit constituer l’une des voies les plus directes pour investir dans la relance et orienter de manière responsable son épargne à long terme.

4/ Accroitre fortement la prévention des risques et accompagner la résilience de nos clients

Le dérèglement environnemental appelle à l’élévation de la culture du risque. Nous avons tous en tête ces terribles images des collines emportées par les torrents de pluie voici un peu plus d’un an dans la vallée de la Roya lors de la tempête Alex. Certaines zones particulièrement exposées ne doivent plus être construites impunément. Les populations les plus exposées doivent être informées, prévenues. Ainsi, parmi les services de notre unité opérationnelle d’excellence, le Generali Climate Lab, nous proposons depuis plusieurs années un service gratuit d’alerte, Generali Prévention Météo, qui prévient en temps réel les clients assurés de l’imminence d’un gros orage, d’une tempête ou encore d’une inondation sur une zone géographique précise. Grâce à ces informations, chacun peut prendre des dispositions de sécurité. Notre service d’alerte Generali Prévention Météo a été activé l’an passé lors de 41 évènements violents. Près de 2 millions de SMS ont alerté nos assurés. Comme l’étude récente d’Assurance prévention montre que les Français ne connaissent pas assez leur propre exposition aux risques, nous venons de lancer un service novateur qui leur permet d’en prendre conscience et leur donne des conseils adaptés. Il sera déployé à partir de l’année prochaine. Nos réseaux de distribution doivent être formés et encouragés à cette démarche d’éducation de nos clients et dans la diffusion des meilleures pratiques en matière de prévention. C’est notamment ainsi qu’ils pourront transmettre la volonté de Generali d’être « partenaire de nos clients tout au long de leur vie ».

5/ Investir dans la transition écologique et la relance économique post-Covid

Grâce à l’investissement socialement responsable et l’intégration de critères ESG dans nos investissements, la gestion d’actifs de tout notre groupe a muté. Ce sont aujourd’hui plus de 6 milliards que Generali a investi à l’échelle mondiale en 2021 dans des investissements verts et durables avec pour objectif d’atteindre les 8,5 à 9,5 milliards d’euros sur la période 2021-2025. Nous nous désengageons parallèlement des secteurs les plus polluants (charbon, énergies fossiles non conventionnelles). Nous investissons dans le « Green Deal » européen à travers un fonds dédié, « Fenice 190 », qui veut être acteur de la transition vers un monde décarboné. Et, en France, nous investissons dans des infrastructures d’avenir, dans les initiatives qui favorisent la relance économique durable, notamment à travers les prêts participatifs pour la relance ou les obligations relance.

Cependant, nos efforts doivent être soutenus par la règlementation prudentielle qui s’impose à notre secteur. Dans le cadre de la présentation générale du projet de révision de la directive Solvabilité II, qui est le cadre prudentiel européen pour l’assurance, la Commission européenne semble avoir entendu ce besoin de faire une place importante aux assureurs comme acteurs puissants d’une relance responsable.

Si nous voulons jouer à plein temps notre rôle de ceinture de sécurité de l’économie et de moteur de la transition énergétique indispensable en ces temps d’urgence climatique, où les risques changent d’échelle, il faut collectivement faire en sorte que le régime Solvabilité 2 révisé prenne mieux en compte la spécificité d’investisseur de long terme des assureurs, y compris et peut-être surtout quand il s’agit d’investissement dans des actifs verts.

En ce XXIe siècle, alors que l’assurance joue un rôle moteur de l’économie et protecteur des citoyens depuis plus de trois siècles, nos modèles doivent pouvoir s’adapter rapidement, à l’aune des risques qui pèsent désormais sur l’humanité.

Jean-Laurent Granier
PDG de Generali France
Membre du comité exécutif du groupe Generali
Président du groupe Europ Assistance

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