Solvabilité 2 : ce que craignent les assureurs
La revue de l’acte délégué est en cours d’examen au Parlement européen. Le choc de taux doit être augmenté, ce qui devrait coûter 20 points de solvabilité aux assureurs français.

Le Parlement européen soutiendra-t-il les assureurs ? Les eurodéputés doivent se prononcer d’ici la fin du mois de mai 2018 sur la première revue de Solvabilité 2. Si celle-ci a pour objectif de « simplifier » la formule standard de calcul du SCR (capital de solvabilité requis), les assureurs s’inquiètent tout particulièrement du recalibrage décidé pour le risque de taux, qui risque de sérieusement impacter leur ratio de solvabilité. Il coûterait 20 points de solvabilité au marché français, sur la base d’un ratio moyen de 206%, estiment les consultants de Sia Partners.
Dans son second avis technique publié le 28 février dernier, l’Autorité Européenne des Assurances (EIOPA) a décidé « de sa propre initiative » de revoir le choc de taux à la hausse pour tenir compte de l’environnement de taux bas et de la possibilité de taux négatifs qui n’avait pas été prise en compte à l'origine. L’EIOPA propose donc une nouvelle approche : les chocs appliqués ne seront plus les mêmes à la baisse ou à la hausse et selon les maturités des titres. Ainsi, les chocs à la baisse oscilleront entre -0,95% pour les titres à 1 an et -1,22% pour les titres à 20 ans et les chocs à la hausse, entre 1,92% et 1,23%.
Les assureurs veulent un report
Sur le papier, la mesure est cohérente, mais elle va considérablement impacter le SCR des assureurs dont le portefeuille est en majorité composé d’obligataire. Selon une étude d’impact menée auprès de 275 assureurs européens, cette révision du choc de taux devrait leur coûter 14 points de solvabilité. L’EIOPA a donc proposé de l’appliquer progressivement en la lissant sur 3 ans. Les assureurs européens, eux, tentent de faire pression afin que cette mesure soit reportée et réexaminée dans le cadre de la revue plus globale de Solvabilité 2 en 2020. Une demande rejetée par l’EIOPA qui campe sur sa position.
La place commence à se mobiliser. «L’EIOPA s’est saisie toute seule de cette question et on fait comme si on ne voyait rien. S’il y a une action de lobbying à mener en ce moment, c’est bien celle-ci !», s’insurge un bancassureur. «Solvabilité 2 a déjà renforcé considérablement les exigences de fonds propres, là nous touchons aux limites du supportable », met en garde le directeur financier d’un grand groupe. La Commission Européenne doit amender l’acte délégué de Solvabilité 2 avant la fin de l’année. Le Parlement Européen, dont l’avis est attendu d'ici le 28 mai, pourrait tenter de faire pencher la balance.
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