Philippe Crevel (Cercle de l’Epargne) : « il n’y a pas de big bang de l’épargne retraite »
La réforme de l’épargne-retraite annoncée par Bruno Le Maire relève plus du « toilettage » que de la « révolution », selon le directeur du Cercle de l’Epargne.

Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire a dévoilé le contenu de la réforme de l’épargne-retraite, que doit porter le projet de loi Pacte (plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises). Plutôt que de fusionner les différents produits en un produit unique, il instaure la portabilité entre 4 produits existants : PERCO, article 83, PERP et Madelin. Le gouvernement opte, par ailleurs, pour laisser le libre choix à l’épargnant de la sortie en capital ou en rente sur les versements volontaires et les intéressements, au grand dam des assureurs. Le ministre met également en avant des incitations fiscales et des rendements plus attractifs. Des mesures qui relèvent plutôt du « toilettage », estime Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne. Décryptage.
Les assureurs, notamment le patron d’Axa France, ont fait campagne contre la liberté de sortir en capital sur les produits d’épargne-retraite. En quoi le choix du gouvernement pose-t-il problème selon vous ?
Bercy choisit de pratiquer un mélange en permettant de sortir en capital avant le départ à la retraite ou bien de sortir en rente. Cela est déjà possible pour le PERCO, cela sera désormais étendu à tous les produits. Cela ne paraît pas très logique car un produit retraite a vocation à fournir un revenu régulier à ses souscripteurs au moment de la cessation d’activité. De plus, cela me paraît contradictoire avec l’objectif affiché par le gouvernement d’inciter les assureurs à investir davantage dans les actions afin d’offrir plus de rendement. Je ne vois pas comment l’on peut demander aux professionnels d’allonger la duration des actifs si les épargnants peuvent sortir en capital à tout moment.
En instaurant la portabilité des produits, le gouvernement entend simplifier l’épargne retraite. Une bonne nouvelle ?
En réalité, il s’agit plus d’un toilettage que d’une révolution. Le gouvernement mutualise ce qui existe déjà et harmonise les différents produits. Mais il n’y a pas de big bang de l’épargne retraite. Dans une note de cadrage qui a circulé dans le secteur, le Trésor envisageait de fusionner les produits pour créer un seul produit d’épargne retraite collective et un seul produit d’épargne retraite individuelle. Nous regrettons que ce choix n’ait pas été retenu, il allait dans le sens effectif de la simplification.
Que dire des incitations fiscales, décrites comme un « geste fort » par le ministre ?
La déductibilité de l’impôt sur le revenu des versements volontaires réalisés par les épargnants existait déjà pour le PERP et a été étendue aux versements individuels sur l’article 83. Donc cette incitation fiscale existe déjà, la seule nouveauté est de l’étendre au PERCO. Quant à l’abattement fiscal de 10% sur la sortie en rente mis en avant par le ministre, cela est déjà le cas pour les rentes viagères à titre gratuit, c’est-à-dire le PERP et le Madelin. Désormais, cela devrait également s’appliquer aux versements individuels sur le PERCO. En réalité, il n’y a rien de nouveau : Bercy se contente de mixer les avantages des différents produits en fonction de la nature des versements.
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