Courtage : licenciements en vue chez SFS

Alors que l’avenir de l’entreprise est des plus incertains, la direction a convoqué, selon nos informations, les délégués du personnel en vue de la négociation d’un plan de sauvegarde de l’emploi.

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Courtage : licenciements en vue chez SFS
Les entreprises du BTP seront-elles toutes en capacité de payer et de trouver une nouvelle assurance ?

En pleine tourmente, SFS France s’apprête à supprimer des emplois. « Alors que la direction, jusqu’ici, refusait tout plan social, de même que les ruptures conventionnelles, collectives ou individuelles, elle vient de nous convoquer afin de négocier un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) », ont confirmé à L’Argus, le 4 juin, des délégués du personnel du groupe. Une procédure imposée par la loi pour toute entreprise d’au moins cinquante salariés qui procède au licenciement pour motif économique d’au moins dix salariés sur une pério­de de trente jours.

« C’est le début d’un PSE qui devrait s’étaler en juin », commen­te l’un d’entre eux. Aussi curieux que cela paraisse, les collaborateurs auront donc été exaucés.

La colère monte…

Car, selon les élus, le « mal-être » des salariés est tel que c’est exactement ce que réclamaient depuis des semaines « une majorité » de collaborateurs afin que ceux d’entre eux qui le souhaitent puissent quitter la société dans de bonnes conditions. La raison de ce « mal-être » évoqué par les délégués du personnel ? La très forte colère de nombreux clients après que plusieurs compagnies qui travail­laient avec l’intermédiaire spécialisé en assurance construction ont fait défaut (CBL, Alpha, Elite). « Des centaines d’entre eux sont bloqués par leurs donneurs d’ordre qui leur demandent une autre attestation d’assurance que celle de ces compa­gnies désormais blacklistées par tous les assureurs en dommages ouvrages et par de plus en plus de banques. Mais au lieu de faire en sorte que ces entreprises puissent résilier leurs contrats hors échéance et se réassurer facilement dans une autre compagnie, la direction de SFS a mis en place jusqu’il y a peu des process pour les retenir coûte que coûte, comme le refus systématique de résiliation à l’amiable. L’obstination de la direc­tion condamne ces entreprises et leurs propres salariés, sauf à ce qu’elles puissent payer deux assurances », dénoncent les délégués du personnel. Résultat, les collaborateurs de SFS subiraient régulièrement les foudres, voire les menaces de clients mécontents. Une situation « intenable moralement », à en croire les représentants des salariés. « Nos collègues de la société IMS à Toulouse, qui gère les contrats et les sinistres, ont dû faire appel à un vigile », avancent même ces derniers.

À la recherche d’un repreneur

La situation serait telle que le 10 avril, le Comité d’hygiène, de sécurité, des conditions de travail (CHSCT) de SFS, qui se compose de représentants désignés par les membres du Comité d’entreprise et les délégués du personnel, a utilisé son droit d’alerte afin que l’employeur prenne les mesures nécessaires pour que ces mena­ces cessent. Un courrier a également été adressé à l’inspection du travail. Début juin, « la direction vient de prévoir des premières visites d’agences pour voir de quelle façon les sécuriser », reconnais­sent les délégués du personnel, qui regrettent néanmoins qu’aucune mesure concrète n’ait été mise en place deux mois après la remontée des premières menaces. Surtout, avancent-ils, « entre-temps, la tension s’est enco­re aggravée avec la faillite de l’assureur danois Alpha. Certains clients se rendant compte que leur assuran­ce décennale ou dommage ouvrage n’est plus vala­ble et qu’ils vont devoir en repayer une autre… ».

Il faut dire que l’avenir de SFS est des plus incertains du fait de la perte de son agrément de mandataire et de la mise en redressement de la compagnie néo-zélandaise CBL, son actionnaire et principal porteur de risques. « Notre activité est réduite aux codes dont nous disposons chez des courtiers grossistes comme Axelliance (…).CBL fournissait 93 % de notre chiffre d’affaires », soulignait d’ailleurs, en mars, Gérard Marichy, l’un des administrateurs de SFS Holdings SA. Certes, des partenariats commerciaux avec les cabinets de courtage Pilliot Assurances et Capra Assurances ont été conclus depuis, mais les délégués du personnel, qui rappellent que « le bilan 2016 de la société n’a toujours pas été certifié par un cabinet d’audit », doutent que cela suffise. D’où leur décision, fin 2017, de lancer un droit d’alerte économique afin d’obtenir de leur employeur des chiffres sur l’état de santé de SFS.

En atten­dant d’en savoir plus, et avant cette convocation en vue de la négociation d’un PSE, les délégués du personnel privilégiaient jusqu’ici la solution d’un dépôt de bilan… « Notre analyse, c’est que nous pourrions alors trouver plus facilement un repreneur, ne serait-ce que pour notre réseau de distribution, capable de réaliser des centaines d’affaires nouvelles et plusieurs millions de primes par mois en assurance construction, ce qui est rare en France pour un intermédiaire. » Et d’ajouter : « Si SFS a connu une croissance extraordinaire ces dernières années, l’attachement et l’investissement des salariés à cette société y ont largement contribué… Nous ne sommes pas là pour couler l’entreprise. Nous souhaitons pouvoir continuer à travailler, mais dans de bonnes conditions, en préservant notre santé, notre sécurité et la déontologie de notre métier. » Contactée par notre journal, la direction n’a pas souhaité s’exprimer.

Nouveau nom et nouvel actionnaire

Selon une annonce légale parue le 11 mai, SFS France SAS change de dénomination sociale pour devenir Alliage Assurances et Albert Jamo en est nommé directeur général. En avril dernier, SFS Europe, une autre filiale de SFS Holdings SA, avait déjà inscrit ce dernier comme directeur général. Sympathisant du Front National si l’on en juge par certains messages postés sur son compte Twitter, Albert Jamo est par ailleurs administrateur de Bolero Participations SA, société de gestion de patrimoine familial, filiale de la société Alliage Capital Inc. Cela signifie-t-il que cette dernière pourrait être le repreneur recherché par Gérard Marichy, l’un des administrateurs de SFS Holdings SA ? Au moment où nous bouclions ce numéro de L’Argus, les informations mentionnées dans l’annonce du 11 mai n’étaient pas encore enregistrées par le Registre du commerce et des sociétés de Paris. Mais dans une interview accordée à notre journal en avril, Gérard Marichy avait confirmé être à la recherche d’un nouvel actionnaire et ne pas vouloir conserver le nom SFS, devenu « pourri » selon lui.

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