Renaud Dumora (BNP Paribas Cardif) : « Nous voulons embarquer tous les collaborateurs dans la transformation digitale »

BNP Paribas Cardif a clôturé l’année 2017 dans le vert. Le bancassureur continue à faire progresser son modèle basé sur une triple diversification : produits, zones géographiques et partenariats. Explications de Renaud Dumora sur la stratégie globale du groupe.

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Renaud Dumora (BNP Paribas Cardif) : « Nous voulons embarquer tous les collaborateurs dans la transformation digitale »
Renaud Dumora Directeur général de BNP Paribas Cardif

Argus de l'Assurance : La répartition de votre mix business est-elle conforme à vos objectifs ?

Renaud Dumora (BNP Paribas Cardif) : Nous réalisons aujourd’hui 57 % de notre chiffre d’affaires à l’international et les deux tiers de nos équipes sont hors de France. En termes de revenus, l’épargne et les activités de protection sont équivalentes. En termes de chiffre d’affaires, l’épargne représente 76 %. Nous ne nous sommes pas fixés d’objectifs particuliers de répartition. Nous avons la volonté de nous développer dans nos trois grandes zones que sont l’Europe, l’Asie et l’Amérique latine, et de développer la part du dommage et de la prévoyance.

Le modèle multipartenarial est toujours celui que vous défendez ?

Notre modèle, historiquement fondé sur les partenariats, reste notre modèle de développement. Partout où nous avons un contact client et où nous pouvons accéder à de la donnée, nous sommes en mesure de vendre de l’assurance.

Quels sont vos marchés stratégiques ?

Sur nos marchés domestiques, la France et l’Italie ont encore des potentiels de développement, mais nos terres de croissance sont l’Amérique latine et l’Asie. L’Amérique latine, où nous avons déjà des implantations dans six pays nous permettant d’atteindre 35 000 points de vente, est un marché à fort potentiel sur la protection. En Asie, nous sommes présents aux côtés d’acteurs bancaires majeurs à travers des joint-ventures, comme à Taïwan ou en Inde. Le succès de l’introduction en Bourse de notre filiale SBI Life, l’an dernier, démontre notre capacité à générer de la valeur avec nos partenaires et illustre particulièrement bien la pertinence du modèle de la bancassurance.

Vous avez indiqué vouloir vous développer en dommages. Pouvez-vous préciser les contours du partenariat avec Matmut ?

En dommages, nous nous sommes fixé un objectif de 12 % d’équipement du réseau d’ici 2020 et, pour cela, nous sommes en train de construire une nouvelle gamme de produits. Cette nouvelle offre, qui concernera d’abord l’assurance auto et la MRH, puis la protection juridique et l’assurance scolaire, sera construite par Cardif IARD, la coentreprise créée avec Matmut. Cette gamme sera commer­cialisée sous marque BNP Paribas et assurée par Cardif IARD.

Quels sont les apports respectifs de BNP Paribas Cardif et Matmut dans cette nouvelle compagnie ?

Cardif IARD est une compagnie à part entière avec ses collaborateurs, ses agréments ACPR et ses bureaux à Rouen. Dans cette coentreprise, Matmut nous apporte son expertise « produits », son savoir-faire en matière de gestion clients en dommages, notamment au niveau du back office. De notre côté, nous sommes plutôt positionnés sur l’animation du réseau, la technique de vente et le digital.

Vous détenez l’un des plus forts encours en eurocroissance. Quel regard portez-vous sur la réforme prévue dans le cadre de la loi Pacte ?

L’industrie doit aller vers une réforme qui vise à simplifier les contrats eurocroissance aussi bien au niveau de la compréhension par les clients que sur la communication des taux. Aujourd’hui, les performances diffèrent selon l’année d’entrée et l’année de sortie. Il faut simplifier cela et surtout parvenir à davantage de mutualisation. Au sein de BNP Paribas Cardif, nous continuerons à valoriser ces produits auprès de nos clients.

Son parcours

Renaud Dumora est diplômé de Polytechnique, de l’Ensae et de l’Institut des actuaires. Âgé de 52 ans, il a mené l’essentiel de sa carrière au sein de l’entité assurances de BNP Paribas.

  • 1990 Responsable des études statistiques puis contrôleur de gestion à la Compagnie bancaire
  • 1994 Responsable de l’actuariat assurance des emprunteurs de Cardif
  • 2000 Directeur de l’actuariat de BNP Paribas Assurance, puis de la prévoyance monde avant de prendre la direction de l’international
  • 2009 Responsable de la direction finance et risques, puis de la direction juridique au sein de BNP Paribas Cardif avant de devenir directeur général adjoint
  • 2015 Directeur général délégué de BNP Paribas Cardif
  • 2016 Directeur général de BNP Paribas Cardif et membre du comité exécutif de BNP Paribas

 

Votre part en UC continue de progresser. Quelles actions avez-vous mis en œuvre ?

Historiquement, nous avons toujours eu beaucoup d’unités de compte. En 2017, notre taux d’UC se monte à 43 % globalement, et à 30 % en France, ce qui est supérieur à la moyenne du marché. Nous avons beaucoup travaillé notre offre en UC pour lui donner du sens, comme par exemple l’UC BNP Paribas Aqua, qui investit dans les actions de sociétés qui développent l’accessibilité à l’eau potable, ou nos UC en private equity, qui contribuent au développement à long terme des entreprises non cotées et soutiennent ainsi l’économie réelle.

Avez-vous fixé des consignes aux réseaux de distribution en termes de collecte en euros et en UC ?

Nous avons entamé il y a longtemps un travail avec nos réseaux de distribution pour promouvoir nos offres en UC qui complè­tent le fonds en euros. Et même si nous limitons la collecte en euros, nous n’avons pas d’objectif de collecte nette négative sur ces supports.

En tant qu’acteur majeur dans le domaine de la retraite supplémentaire, que pensez-vous de la réforme de Bruno Le Maire ?

La réforme a pour objectif d’aider les populations à préparer leur retraite et à faciliter le financement de l’économie. Je considère que la meilleure réponse à cet objectif est la rente. Il faut des produits qui permettent des versements réguliers en phase d’accumulation et des rentes en phase de versement. En termes de gestion actif / passif, cela permet d’investir davantage en actions. Je m’insurge contre la date couperet de départ à la retraite pour verser un capital. Il faut un lissage dans le temps.

Avez-vous des inquiétudes par rapport à l’ouverture du marché de l’assurance emprunteur avec l’introduction de la résiliation annuelle ?

En France, nous avons deux types d’offres : une individuelle et une offre groupe qui est très couvrante, et dont le processus d’accord est totalement digital. Nous sommes depuis longtemps en architecture ouverte en assurance emprunteur. Le taux de délégation de BNP Paribas se situe autour de 30 %. Nous n’avons pas d’inquiétude particulière. En outre, au niveau international, l’assurance emprunteur représente 14 % de notre activité, et ce marché se développe très bien en Amérique latine et en Europe.

Que pensez-vous des réflexions autour du droit à l’oubli, notamment pour le raccourcir et intégrer d’autres pathologies ?

Il est du devoir de l’assureur de faire évoluer ses garanties. Les réflexions en cours pour faire évoluer le droit à l’oubli sont normales. En revanche, il faut faire attention à ne pas mettre en danger la mutualisation des assurés.

Quand on gère 237 Md€, cela donne une responsabilité, notamment envers nos clients.

Vous êtes entrés en 2017 dans une nouvelle phase de votre plan de transformation digitale. En quoi va-t-il consister ?

Pour l’entreprise, c’est un grand changement, puisque nous sommes en phase de réalisation industrielle. C’est-à-dire que la transformation digitale concerne toute la chaîne de valeur : la sélection financière, la sélection médicale, la modélisation des risques… Nous essayons d’intégrer cela progressivement. Nous venons de le faire en assu­rance emprunteur en France et nous travaillons sur des développements en matière de décision de prise en charge des sinistres en Espagne.

Comment cette nouvelle donne est-elle intégrée par les collaborateurs ?

Nous voulons embarquer tous les collaborateurs dans cette transformation. Nathalie Doré, notre directrice de l’accélération digitale, travaille en ce sens. Nous mettons en place des formations et je suis allé sur le terrain auprès de nos équipes dans le monde entier pour expliquer ces changements. BNP Paribas Cardif est une entreprise qui a la culture du changement, et je sens que les équipes nous suivent.

Sur le réseau des CGPI, la transformation digitale a entraîné un plan de sauvegarde de l’emploi. Est-il achevé ?

Cela a été l’une des décisions les plus difficiles que j’ai eue à prendre. C’est une distribution à laquelle nous croyons beaucoup, et c’est pour cela que nous faisons des investissements importants en matière de digital. Ce canal de distribution doit évoluer pour coller aux attentes des clients et des CGPI eux-mêmes. Compte tenu des nouveaux risques et de la réglementation, nous ne pouvions plus maintenir les délégations régionales. Cette transformation est toujours en cours et, pour une large majorité des collaborateurs, nous avons trouvé des solutions. Pour les cas encore non résolus, nous prendrons le temps de trouver les meilleures solutions pour chacun.

Considérez-vous que vous avez un rôle sociétal ?

C’est un point important de ma mission. BNP Paribas Cardif veut rendre l’assurance accessible au plus grand nombre. La place de l’assurance dans la société et son rôle en matière de solidarité sont clés. Quand on gère 237 Md€, cela donne une responsabilité, notamment envers nos clients. Le big data, s’il est mal utilisé, peut conduire vers davantage d’individualisme et il faut veiller à un bon équilibre entre offre adaptée et mutualisation. Mon engagement se traduit aussi envers nos employés, en leur proposant un environnement de travail motivant et en les aidant à mieux concilier vie professionnelle et vie personnelle.

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