Coronavirus : comment les assureurs se préparent
Information des salariés, restriction des déplacements, assouplissement du télétravail, plans de continuité d’activité : les grands groupes comme les mutuelles de taille moyenne s’organiser pour affronter une éventuelle pandémie. Informations recueillies par Gwendal Perrin, Laure Viel, Raphaële Karayan et Benjamin Chabrier.
LA RÉDACTION
Mis à jour
12 mars 2020

Fini les bises et les poignées de main dans les entreprises ! Ces marques de convivialité sont les premières victimes du virus nouveau coronavirus SARS-CoV-2. Pour l’heure, les entreprises d’assurance s’en tiennent aux mesures de prévention préconisées par les pouvoirs publics. Par affichage ou par mail, elles rappellent aux salariés ce qui apparaît aujourd'hui comme des mesures de bon sens, à commencer par le lavage fréquent des mains.
> (Article publié le 4 mars, mis à jour le 12 avec de nouvelles informations)
Si la communication à destination des salariés est ajustée tous les deux ou trois jours en fonction de l’évolution de la situation sanitaire, les entreprises semblent soucieuses de ne pas en faire trop non plus. « Ce qu’on essaie de faire globalement, c’est de rester calme, de ne pas ajouter de l’angoisse à l’angoisse, de ne pas hystériser le sujet », souligne-t-on à La Mutuelle générale (LMG).
Chez Axa, un document de type « Foire aux questions » a été élaboré avec la médecine du travail avec toutes les réponses aux questions les plus fréquentes. Et tous les bons gestes d’hygiène sont diffusés sur les 200 écrans d’affichage présents dans les lieux de passage des 20 sites d’AXA France. Malakoff Humanis a constitué une cellule pluridisciplinaire sous la responsabilité du directeur des ressources humaines Emmanuel Copin pour adapter au jour le jour son dispositif, à la fois de communication et de prévention. Le premier volet vient en complément des recommandations des pouvoirs. Au groupe MGEN, un PC sécurité a été constitué avec des personnes représentant toutes les fonctions de l’entreprise.
Une anticipation indispensable : alors que les pouvoirs publics ont reconnu qu’il paraissait difficile d’échapper à une épidémie de coronavirus, la question ne semble plus être de savoir si mais quand la France passera de la phase 2 à la phase 3 du plan de lutte contre le nouveau coronavirus. Un passage qui se traduirait par des mesures contraignantes, inspirées de celles prévues dans le plan mis au point en 2009 lors de la pandémie de grippe A (H1N1).
Continuité d'activité
Dans cette perspective, toutes les entreprises d’une certaine taille disposent déjà de plans de continuité d’activité (PCA) calibrés pour faire face à des interruptions de toute nature (pandémie, catastrophes naturelles, incendies, etc.) avec des plateformes téléphoniques ou des sites informatiques de repli. Le PCA « a un rôle de prévention et d'anticipation pour affronter un risque opérationnel», indique-t-on chez Axa France. La compagnie dit avoir intégré, dans le cadre de ses entraînements annuels, le scénario d’une pandémie, comme il existe des scenarii tels qu’une crue de Seine ou d’attentats terroristes et autres. Mais les PCA ne sont pas l’apanage des grandes entreprises. Thélem Assurances en possède un qui a été mis en place l’an dernier pour anticiper une situation à risque, et garantir tant la sécurité et la santé des salariés que la continuité de service pour les clients.
AG2R La Mondiale possède également un PCA depuis plusieurs années, plan ajusté en fonction de la situation au jour le jour. Les réunions comptant plus de 50 personnes ont été formellement prohibées, de même pour une circulation au sein des clusters territoriaux considérés comme sensibles (Oise, Haut-Rhin...). De son côté, Verspieren (qui a aussi un PCA) a d’ores et déjà décidé des mesures de confinement à mettre en place en quelques heures si un cas se déclarait parmi ses salariés, notamment dans l'optique probable d'un passage en stade 3 de la pandémie.
Télétravail assoupli
Avant l’éventuel déclenchement d’un PCA, le télétravail sera logiquement le meilleur moyen de conjuguer ce double objectif. Les mouvements sociaux de décembre et janvier ont en quelque sorte permis de mettre les différents scenarii à l’épreuve et fait office de répétition générale. Beaucoup d’entreprises indiquent reprendre les différents dispositifs activés alors, consistant à autoriser les personnes dont le poste s’y prête à pratiquer le télétravail. Chez Axa France, l’ensemble des collaborateurs est en capacité de travailler à distance. L'accord sur le télétravail conclu en juin 2018 chez AG2R La Mondiale a été également aménagé : « sur les 10 000 collaborateurs, seule une minorité doit être présente sur site pour poursuivre les activités dans de bonnes conditions (courrier, éditique, etc.). Le cas échéant, des dispositions spécifiques seraient mises en place les concernant », souligne le groupe.
Chez Mutuelle Mieux-Être, une mutuelle santé qui compte moins d’une centaine de salariés, tous sont équipés d’un ordinateur portable équipé d’un VPN permettant de télé-travailler. Parallèlement, tous les collaborateurs dotés d'un portable chez Verspieren sont déjà appelés à le prendre chaque soir. De son côté, La Mutuelle générale accélère le déploiement de l’accord de télétravail signé avec les partenaires sociaux de l’entreprise à la fin 2019 pour gérer plus facilement les mises en quarantaine ou les éventuelles restrictions de déplacement qui pourraient être décidées par le gouvernement. Au groupe MGEN, si le siège devait être amené à fermer, le dispositif mis en place pendant les grèves serait réactivé.
La réunionite et les voyages touchés
Autre victime du virus, la frénésie de réunions parfois ressenties comme superflues. Chez Malakoff Humanis, les séminaires et réunions internes comptant plus de 50 participants ont été reportés depuis début mars, tout comme les événements externes considérés comme à risque.
Avec une activité concentrée dans l’Hexagone, la plupart des organismes d’assurance ne sont pas concernées par la problématique des déplacements professionnels à l’étranger : toutefois, des acteurs comme CNP Assurances et Verspieren ont suspendu l'ensemble de ces déplacements. Quant aux déplacements en France, certains, comme LMG, se disent soucieux de de ne pas trop perturber l’activité, certaines n’ont que peu annulé les déplacements. « Si on doit s’installer dans une crise un peu longue, il ne faut que l’on désorganise complètement », indique un porte-parole de la mutuelle. A ce jour, les seules restrictions touchent les « clusters », ces zones qui regroupent de nombreux cas, comme l’Oise. Ainsi, Thélem Assurances a demandé à ses salariés itinérants type inspection de privilégier les échanges à distances avec les courtiers ou agences des zones les plus touchées.
Enfin, le coronavirus contraint aussi les entreprises à s’immiscer dans la privée de leurs salariés. Thélem Assurances a demandé à ceux qui rentrent ou envisagent à titre personnel un séjour dans une zone touchée d’informer la direction. S’ils sont concernés par une mesure de confinement, le télétravail leur sera alors proposé.
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