Claude Leblois (Mutuelles du Soleil) : « Nous pouvons et souhaitons rester indépendants »
Mutuelles du soleil, qui gère l’assurance maladie de 100 000 travailleurs indépendants, subit de plein fouet la suppression du RSI. Le groupe, implanté dans le Sud, entend rebondir en développant son activité de délégation de gestion.

L’Argus de l’assurance : Vos nouvelles fonctions interviennent dans un climat très particulier…
Claude Leblois : Mutuelles du soleil a effectué un changement de gouvernance en juin 2018. Auparavant, il n’y avait qu’un seul directeur général pour tout le groupe. Et j’étais en charge du développement. Aujourd’hui, je gère le livre 2, à savoir l’activité locomotive du groupe. Et un autre directeur général a en charge le livre 3.
Nous sommes le cinquième organisme mutualiste conventionné pour l’ex-régime social des indépendants (RSI). Désormais, nous n’acceptons plus de nouveaux TNS (travailleurs non-salariés) en Sécurité sociale, ce qui est pour nous un changement de taille. Nous continuons bien sûr à être l’interlocuteur jusqu’en février 2020 des travailleurs indépendants pour la gestion de l’assurance maladie / maternité, à savoir quelque 100 000 professionnels indépendants qui ont fait le choix des Mutuelles du soleil avant la réforme.
Et que se passera-t-il pour vous à compter de 2020 ?
En 2020, la donne va être toute autre avec l’intégration totale de la gestion de la Sécurité sociale des travailleurs indépendants au sein du régime général. Concrètement, les caisses primaires d’Assurance maladie (CPAM) vont reprendre nos assurés ainsi que les salariés des Mutuelles du soleil qui étaient affectés à leur gestion. Nous allons perdre un pan de notre activité qui représente un tiers de notre portefeuille. 35 à 40 salariés vont également nous quitter. Et nos locaux marseillais deviendront beaucoup trop grands. C’est une page qui se tourne. Pour autant, inutile de se lamenter : place à l’action ! Nous avons entamé d’importantes discussions et agissons depuis plus d’un an afin de rebondir.
Quelle est votre stratégie pour compenser la perte de la gestion des TNS ?
Nous avons souhaité transformer ces contraintes en opportunités. Pour ce faire, nous avons décidé de développer nos activités de délégation de gestion. Nous ouvrons ainsi un centre, avec nos partenaires, dans nos locaux marseillais. Depuis quelques années, nous proposions la gestion des frais de santé. Et, à compter du début 2019, nous avons commencé à mettre en place une délégation de gestion pour les contrats de prévoyance. Cette activité, qui débute, sera clairement industrialisée en 2020.
Le 100 % Santé bouscule aussi vos activités. Que répondez-vous aux appels à maîtriser vos tarifs ?
Comment pouvons-nous prendre une telle décision avant d’avoir une vision juste de ce qui va nous arriver ? D’autant que la donne n’arrête pas de bouger. On ne sait pas où l’on va exactement. Nous avons décidé de faire appel à un cabinet extérieur, spécialisé, afin d’évaluer exactement l’impact des réformes en cours. Les cotisations seront déterminées en septembre et prendront en compte ces données. Chez nous, le conseil d’administration est souverain. Je vais donc lui présenter les résultats du cabinet et un arbitrage sera réalisé. Une mutuelle est une entreprise. Si nous pouvons participer à un meilleur remboursement, nous le ferons. Il faut arrêter de penser que nous augmentons nos tarifs avec plaisir. Et que les adhérents n’ont d’autres choix que de baisser la tête.
À l’heure des concentrations, pensez-vous que votre taille reste suffisante pour gérer ces évolutions ?
Déjà en 2004, tout le monde pensait que nous ne tiendrions pas longtemps. Quinze ans plus tard, nous sommes toujours là. Et nous disons haut et fort que nous pouvons et souhaitons rester indépendants. Cela dit, nous ne sommes pas contre le fait de créer une sorte de confédération avec d’autres mutuelles de taille comparable afin d’additionner nos différences. Pour nous, pas de doute, les fusions éloignent du terrain. Nos agences sont très importantes : en santé, il faut de l’humain, de la proximité. Nous avons 24 agences dans huit départements. Cela a un coût d’autant plus important que nous devons aussi développer, en parallèle, les nouvelles technologies. Alors, oui, nous sommes une cible appétissante pour les grosses mutuelles, mais nous résistons bien.
Avez-vous des craintes sur votre activité pour le futur ?
Je crains plus les aspects réglementaires que la concurrence, saine et logique d’autres acteurs privés. Mon plus grand souci concerne l’instabilité des décisions gouvernementales. Qu’est ce qui me dit qu’un jour la complémentaire santé ne passera pas dans les mains de l’assurance maladie, du jour au lendemain ? C’est pour cela que nous avons besoin de bien segmenter nos activités et d’être présents sur plusieurs métiers. Quand j’ai commencé dans le métier, en 1982, il y avait environ 8 000 mutuelles. Aujourd’hui ce chiffre doit avoisiner les 600.
Où en sont vos campagnes de sponsoring sportif ?
Nous avons réduit la voilure du côté de nos partenariats. Ils nous ont servis à construire notre notoriété, et cela a bien marché. Ce travail nous a rendus visible et crédible auprès des autres acteurs, notamment lors des négociations afin de développer notre offre en délégation de gestion.
Mutuelles du soleil
- Mutuelles du soleil livre 2, dont le siège social est à Nice, recouvre les activités de complémentaire santé, prévoyance, retraite, prévention et gestion de la Sécurité sociale pour les indépendants.
- Le groupe revendique 300 000 personnes protégées et possède 24 agences dans 8 départements (Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Gard, Hérault, Var et Vaucluse).
- Mutuelles du soleil livre 3 dont le siège social est à Marseille assure la gestion de 14 structures de services et de soins : - 5 en optique, - 1 en audition, - 3 en soins infirmiersà domicile, - 2 centres locaux d’information et de coordination gérontologique (Clic), - 2 équipes spécialisées Alzheimer et - 1 maison de retraite médicalisée.
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