Groupama résiste bien à la concurrence des bancassureurs
Le groupe mutualiste publie un résultat net en hausse de 54% en 2018. La hausse du chiffre d’affaires est particulièrement marquée en MRH, Groupama faisant l’acquisition de nouveaux clients dans un contexte plus concurrentiel.

Alors que les mutuelles d’assurance sont chahutées sur leur cœur d’activité par la montée en puissance des bancassureurs, Groupama résiste plutôt bien. Le groupe mutualiste, dont le business mix est équilibré entre l’assurance dommages (52%) et l’assurance de personnes (47%), affiche de très bons résultats pour 2018. Son bénéfice net est en hausse de 54%, à 450M€ : « c’est le résultat le plus élevé que nous ayons connu depuis les années de crise », remarque Fabrice Heyriès, directeur général adjoint de Groupama Assurances Mutuelles. Un résultat qui s’explique par des plus-values réalisées notamment sur la cession de son immeuble Window à la Défense, mais aussi par un résultat opérationnel solide de 298M€.
2018 a été marquée par une multitude de sinistres climatiques en métropole, dont la facture nette de réassurance s’annonce bien plus lourde que celle de l’année 2017 (le groupe n'a pas souhaité la communiquer). Groupama avait alors essuyé 330 M€ de pertes brutes liés aux ouragans Irma et Maria, mais seulement 38M€ net de réassurance, l’essentiel étant pris en charge par la Caisse centrale de réassurance (CCR) dans le cadre du régime de catastrophes naturelles. Malgré cette sinistralité climatique supérieure aux prévisions en 2018, Groupama améliore son ratio combiné dans l’Hexagone, à 98,6% (-0,2 pt).
Conquête en MRH
Surtout, Groupama affiche une croissance dynamique de son chiffre d’affaires, tiré principalement par la France : + 4%, à 14,3 Md€. Dans l’Hexagone, la branche dommages aux biens et responsabilité (+2%) est notamment tirée par l’assurance habitation des particuliers, dont le chiffre d’affaires progresse de 3,2%, à 1,08 Md€. Une hausse nettement supérieure à celle de la moyenne du marché (+ 2,7%), dans un contexte défavorable marqué par les gains de marché des bancassureurs. Groupama réalise un gain net de 27000 contrats en MRH, une conquête qui n’est pas due à une politique tarifaire agressive, insiste le groupe, « la contribution du tarif à la hausse du chiffre d’affaires est positive ». Alors quelle est la recette miracle ? « Nous avons rénové le produit MRH qui a été déployé dans nos caisses il y a un an et nous avons focalisé l’activité commerciale des caisses sur la vente de ce produit », explique Fabrice Heyriès. Ce à quoi s’ajoute l’amélioration de la satisfaction client, Groupama occupant maintenant la deuxième place derrière la Maif en termes d’indice net de recommandation, et bénéficiant par ailleurs d’un taux de résiliation faible « inférieur de 2 points au marché ».
Pas de résiliations, malgré la loi Hamon
D’ailleurs, la loi Hamon, qui a instauré la résiliation infra-annuelle des contrats auto et MRH « n’a pas augmenté le turnover de ces contrats », remarque Thierry Martel, le directeur général de Groupama. « Cette loi était conçue de manière à favoriser les pure players en ligne et les bancassureurs. Or, les premiers ne marchent pas en France, les assurés ayant besoin d’être rassurés au moyen d’une présence physique. Quant aux bancassureurs, ils s’étaient organisés pour vivre sans. Ils ont seulement gagné quelques mois, mais au prix d’une hausse des coûts d’exploitation car le process est lourd. Résultat : dans un marché pourtant très compétitif, il n’y a pas eu d’effet positif de cette loi sur les prix. Sur la santé, la résiliation infra-annuelle devrait produire le même résultat… », analyse-t-il.
En assurance de personnes, l’activité de Groupama dans l’Hexagone est également dynamique : +6,8% (5,9 Md€ de chiffre d’affaires). Une hausse portée notamment par la croissance exceptionnelle de la branche retraite collective (+64,3%), mais aussi de la santé collective (+13,5%). « Groupama a retrouvé sa notation investment grade et donc nous avons concouru et remporté pas mal d’appels d’offres auprès des institutionnels », explique Fabrice Heyriès. En assurance-vie, la croissance est due principalement à la hausse de l’épargne retraite individuelle en UC (+ 11,3%), les UC représentant plus de 40% de la collecte.
Des rapprochements qui peinent à se concrétiser
Quant à la consolidation, Groupama réitère sa « main tendue » à ses « confrères mutualistes », en vue d’un rapprochement souple. « Nous pouvons mettre en commun nos systèmes informatiques, nos bases de données et joindre nos forces pour gravir la marche de la transformation digitale. Nous pouvons aussi leur apporter notre savoir-faire en réassurance : sur le climatique et l’auto, nous avons construit des protections innovantes », précise Thierry Martel. Mais, pour l’heure, ces appels du pied restent infructueux. Des discussions avec SMACL, avec laquelle Groupama se partage le marché des collectivités locales, ont ainsi échoué en raison du rapprochement engagé par la mutuelle avec Vyv. De même, les discussions avec CCMO en vue d’un partenariat se sont heurtées aux « soubresauts de la gouvernance » de la mutuelle. « Groupama discute avec d’autres mutuelles 45 », affirme Thierry Martel. « Dans un contexte où Solvabilité 2 favorise les bénéfices de diversification, cela peut être intéressant pour nous de nous rapprocher, et éventuellement de nous marier. Nous regardons des acteurs des trois codes : assurance, mutualité et sécurité sociale, ces distinctions entre codes touchent aujourd’hui leurs limites », ajoute Thierry Martel.
Gan est "en avance" sur son plan de redressement
Gan est sorti de l’ornière. Mieux, la compagnie « est en avance » sur sa trajectoire de redressement. Alors que Groupama misait sur un retour à l’équilibre de Gan en 2018, sa contribution au résultat du groupe « est positive ». « Nous avons résolu deux problèmes : nous avons instauré une nouvelle manière de travailler avec les agents généraux du Gan, en alignant leurs intérêts sur ceux de la compagnie, d’autre part, nous avons repris le contrôle vis-à-vis de l’assurance construction, un marché sur lequel Gan a réalisé beaucoup de souscriptions entre 2014 et 2016 au moment où celui-ci s’est retourné », se félicite Thierry Martel, le directeur général de Groupama. Mais le travail de redressement n’est pas terminé. « Gan est toujours dans un processus de réajustement de son mix de portefeuille vis-à-vis de la clientèle de professionnels et réalise d’importants travaux de migration informatique, ce qui implique pour les agents généraux de s’approprier ces nouveaux outils : cela va prendre du temps », explique-t-il. L’objectif ? Atteindre à terme un ratio combiné de 98%. « Nous y arriverons à horizon visible », répond Fabrice Heyriès, le directeur général adjoint du groupe.
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