Prime Macron : des primes (contro)versées
Si de nombreux acteurs de l’assurance se sont positionnés en faveur de la prime de solidarité pour leurs salariés, plusieurs syndicats craignent que ce « cadeau » empiète sur les augmentations salariales prévues en 2019.

C’est le sujet phare de cette rentrée 2019. Depuis début janvier, pas une journée, pas une semaine ne se passe sans qu’une entreprise n’annonce avoir décidé de verser une prime exceptionnelle de solidarité à ses salariés, communément appelée « prime Macron ». Ce dispositif, rendu public par le chef de l’État en réponse aux mouvements sociaux des « gilets jaunes », s’inscrit dans la loi portant les « mesures d’urgences économiques et sociales » du 26 décembre dernier. Il prévoit le versement d’une prime défiscalisée et exonérée de charges sociales jusqu'à 1 000 € nets, qui doit être distribuée avant le 31 mars prochain. À la condition… que les entreprises décident de s’engager pour soutenir le pouvoir d’achat de leurs salariés, cette prime n’ayant aucun caractère obligatoire. Dans l’assurance, la question ne se pose pas aujourd'hui : tous les acteurs interrogés semblent bien décidés à la verser. Depuis mi-décembre, plus d’une vingtaine de sociétés – petites et grandes – se sont d’ailleurs déjà positionnées en faveur de cette prime. Sauf que ce coup de pouce n’est pas forcément accueilli comme une bonne nouvelle par les syndicats. La raison ? Il intervient au moment même où sont menées les négociations annuelles obligatoires (NAO). Or, si la décision de plusieurs directions de verser la prime Macron a été prise en marge des échanges menés avec les organisations syndicales sur les augmentations salariales, certains acteurs ont fait le choix, justement, d’intégrer la prime à ces discussions.
Les conditions de versement de la prime défiscalisée
- Pour bénéficier de la prime défiscalisée, les salariés doivent être présents dans l’entreprise au 31 décembre 2018.
- Cette prime défiscalisée est soumise à des conditions de revenus. Selon la loi publiée au Journal officiel du 26 décembre 2018, le plafond d’attribution est ainsi fixé à trois Smic, soit environ 3 600 € de salaire net par mois. Autrement dit, pour en bénéficier, un salarié doit toucher une rémunération brute annuelle inférieure à 53 944,92 €.
- La prime Macron peut être versée à la suite d’une décision unilatérale de l’employeur (DUE). Mais sans accord d’entreprise, les directions ont jusqu’au 31 janvier 2019 pour fixer les modalités du versement de cette prime.
- Le versement de cette prime exceptionnelle défiscalisée doit intervenir entre le 11 décembre 2018 et le 31 mars 2019.
Risque de substitution
« Dans ce cas précis, les négociations sont prolongées, et un risque de substitution existe », explique un dirigeant syndical. « Sans qu’on puisse le prouver, poursuit ce dernier, il pourrait y avoir, en effet, une tentation des directions favorables à la prime Macron de réduire l’enveloppe consacrée aux augmentations 2019. » Le versement d’une prime, forcément ponctuelle, au détriment d’une hausse des salaires, par définition pérenne ? Voilà exactement ce que craignent beaucoup de syndicats. Chez Groupama Nord-Est, une prime exceptionnelle de solidarité de 400 € sera versée en février à tous les salariés pouvant en bénéficier, y compris les CDD. Pas de quoi satisfaire pour autant Éric Chenet, délégué syndical FGA CFDT, qui précise qu’aucune augmentation collective des salaires n’a été accordée depuis six ans dans son entreprise. « La direction préfère axer sa politique salariale sur des primes individuelles, plutôt que sur des hausses collectives », regrette-t-il.
Chez Covéa, les deux sujets n’ont pas été abordés de front. Il n’empêche. Le 21 décembre, via une décision unilatérale de la direction, le groupe mutualiste annonçait que 9 000 de ses collaborateurs bénéficieraient d’une prime de 1 000 €. Un mois plus tard, c’est la douche froide pour les syndicats. « À l’issue de la deuxième réunion des NAO du 15 janvier, un coup de frein assez violent a été donné par la direction dans ses propositions salariales. Elle propose des augmentations générales de 0,6 % pour tous les non-cadres et les cadres en dessous de 40 000 €, et une enveloppe d’augmentations individuelles de 0,8 % », déplore Pierre Meynard, délégué syndical central CFE-CGC du groupe mutualiste, qui précise qu’il y a un an, les mêmes négociations avaient abouti à un accord portant sur 0,9 % d’augmentation générale pour tous les collaborateurs, et 1 % d’augmentation individuelle. Soit un recul de l’enveloppe globale de 0,5 point. Lorsque viendra l’heure d’un premier bilan des NAO dans le monde de l’assurance, habituellement connues à la mi-février, les syndicats seront certainement attentifs pour voir si cette tendance à la baisse s’est finalement généralisée à l’ensemble du secteur.
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