[DOSSIER] [Reportage] Saint-Martin-Vésubie : gérer l'urgence [...] 4/5

[Reportage] Tempête Alex : un agent général niçois face à la catastrophe -

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© Laetitia Duarte

Bernard Thomas, agent général d'assurance Generali à Nice, est originaire de Saint-Martin-Vésubie, un village ravagé le 2 octobre par des inondations sans précédent.

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© Laetitia Duarte

Bernard Thomas nous montre les premières images de la catastrophe, le Boréon gonflé par des pluies torrentielles débordant de son lit, éventrant le village de Saint-Martin-Vésubie.

Avant le reconfinement, l’Argus de l’assurance s’est rendu à Nice à la rencontre d’un agent Generali. Originaire de Saint-Martin-Vésubie, un village ravagé par la tempête Alex, il orchestre des actions de solidarité, tout en tentant de surmonter son traumatisme personnel.

 

Il y a comme un paradoxe chez Bernard Thomas. Plus de deux semaines après la catastrophe qui a ravagé l’arrière-pays niçois, cet agent général d’assurance Generali n’a pas encore pu remettre un pied au village de Saint-Martin-Vésubie dont il est originaire, et dans lequel 94 maisons ont été emportées par le torrent d’eau déclenché par la tempête Alex et des centaines d’autres ravagées. « Trop douloureux », dit-il. Pourtant, connecté heure par heure à ses amis là-haut, Bernard Thomas ne rate pas une seconde de la vie du village depuis que les communications téléphoniques ont été rétablies, 72 heures à peine après le drame. Au matin du mardi 20 octobre, c’est lui qui nous informe par sms, photo à l’appui, qu’un incendie a eu lieu dans un immeuble à l’entrée du village. Un nouveau coup du sort pour Saint-Martin-Vésubie.

Ce village, c’est toute son enfance – sa grand-mère y possédait une maison qu’elle a depuis revendue – c’est celle de ses enfants aussi. « Nous avons conservé une résidence secondaire, un immeuble familial à Saint-Martin-Vésubie. Mes enfants y ont appris à marcher, à faire du vélo. Nous passions tous nos étés là bas », raconte-t-il. Dans sa voix, la tristesse est palpable. Il parle de la catastrophe pendant une heure comme s’il y avait lui-même assisté. Photos à l’appui sur son téléphone portable, il raconte l’impensable : ici, un chalet a été emporté par les flots, là un autre a été projeté sur le Vesubia Mountain Park avant de rebondir sur l’autre rive, emportant une autre maison dans son sillage. Il est inarrêtable et l’on devine, à sa façon de documenter ainsi la catastrophe, le traumatisme personnel qu’elle représente.

Face au drame, la solidarité

Pour Bernard Thomas, le coup de massue se produit lorsqu’il apprend la disparition d’un jeune sapeur-pompier. Il était père depuis trois mois à peine. C’était un collègue et ami de son fils, sapeur-pompier volontaire à Saint-Martin-Vésubie. Vendredi 2 octobre, jour de la catastrophe, à 16h30, son fils est d’ailleurs appelé en renfort. « Ma femme lui a déconseillé de prendre la voiture car nous savons que la route de la vallée est dangereuse lorsqu’il pleut », raconte-t-il. Que serait-il advenu si ce fils avait pris la route ce jour-là ? Dans la nuit du vendredi au samedi, Bernard Thomas dort mal. Il a un nom en tête, celui de ce jeune pompier aujourd’hui toujours porté disparu. Et puis « on a découvert l’apocalypse », dit-il : le samedi, la « petite Suisse niçoise », comme on la surnomme ici, était éventrée. La maison du pompier disparu était rasée.

Très vite, la solidarité s’organise. « Des amis nous ont fait passer des vêtements pour la compagne du pompier disparu et son bébé. » A Nice, nombreux sont ceux qui, comme l’agent Generali, ont des attaches à Saint-Martin-Vésubie. Hors catastrophe, lorsque la route habituelle est ouverte, le village n’est qu’à 40 minutes de « la métropole » comme on dit ici. Près de la moitié des habitants n’y passent ainsi qu’une partie de l’année. Ceux qui résident à Nice s’activent donc pour aider ceux qui sont restés là-haut. « On récupère des vêtements ou des denrées alimentaires, on les entrepose et dès que quelqu’un peut monter par la route, il les monte au village. C’est le système D, une chaine de solidarité », raconte Bernard Thomas. Nombre de ses clients niçois proposent à titre gracieux des logements vides aux sinistrés, dont la femme du pompier. Comme elle, ils sont nombreux à refuser. « Ils préfèrent rester là-haut. Sinon, ils ont l’impression que l’on ne va pas reconstruire le village. Et puis, pour les habitants des vallées de la Vésubie ou de la Roya, lorsqu’on est rapatrié à Nice, en général cela signifie qu’on ne remontera dans la vallée qu’en cercueil… »

l'enjeu d'un sinistre difficile d'accès

En tant qu’agent général d’assurance, son rôle consiste à « écouter, rassurer puis accompagner », résume-t-il. A ce jour, Bernard Thomas n’a pas ouvert beaucoup de dossiers de sinistres. Une quinzaine tout au plus, essentiellement des résidences secondaires de clients résidant à Nice. « Je me suis toujours refusé à assurer les gens du village. Lorsque je vais là-haut, je suis Bernard Thomas, le gamin du pays, pas l’agent d’assurance », justifie-t-il. Pour les clients concernés, l’agent a tout de même dû s’adapter au caractère exceptionnel de la catastrophe.

Le lundi suivant le drame, alors que certains habitants ont pu être évacués en hélicoptère, les routes menant à Saint-Martin-Vésubie sont impraticables. Bernard Thomas écrit alors à la direction des sinistres de Generali France pour connaître la marche à suivre. « Mes clients niçois n’ont pas pu constater par eux-mêmes dans quel état se trouvaient leurs maisons. Certains ne remonteront peut-être à Saint-Martin-Vésubie que dans 6 mois. La compagnie m’a dit de n’ouvrir les déclarations de sinistres que lorsqu’ils pourront constater les dégâts », explique-t-il. S’ensuivra alors le processus de gestion de sinistres classique d’une catastrophe naturelle.

Malmené pendant la crise du Covid-19, en raison de la polémique sur l'absence de prise en charge des pertes d’exploitation, l’agent général y voit-il une occasion de redorer son blason ? « Ce n’est pas parce qu’’une catastrophe naturelle est survenue que les agents généraux doivent faire quelque chose d’extraordinaire. Être aux côtés de nos clients en cas de sinistres, c’est notre métier tout simplement ! »

 

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